L'association SOS familles expulsées, s'est réunie hier, au siège de la Ligue algérienne de la défense des droits de l'homme que préside Hocine Zahouane à Alger pour dénoncer les décisions d'expulsion, arbitraires et expéditives des familles, de leurs habitations et “l'usage abusif et répressif de la force, lors des expulsions à l'encontre des femmes et des enfants”. Le comité est monté au créneau pour pointer du doigt les méthodes utilisées contre des familles qui se retrouvent à la rue. L'association dénonce, par ailleurs, l'escroquerie de certains promoteurs immobiliers et la passivité de la justice, L'association évoque aussi les conditions avec lesquelles ces expulsions sont faites. À ce propos, Djamel Bouregaâ, porte-parole du comité, a tenu à préciser que “l'expulsion des familles se fait de manière arbitraire tout en bafouant leur honneur”. Il ajoute que “d'ici demain six familles habitant Staouéli seront expulsées des maisons qu'elles occupent depuis 33 ans. Ces familles habitent des logements de l'Etat vendus à leur insu à des privés qui ont décidé de les en expulser”. Les familles de Staouéli ne sont pas un cas isolé, d'autres risquent de connaître le même sort à Birkhadem. Elles risquent de se retrouver dans la rue après une décision d'expulsion de l'ex-centre de rééducation pour mineurs. Il y a lieu de noter que certaines familles ont habité les lieux depuis 1965 et que d'autres sont là depuis les années 1970. Cette situation dramatique est vécue par d'autres familles et même des personnes âgées, comme c'est le cas de la mère d'Amine Mounir, journaliste à la Radio nationale, qui, à 78 ans, s'est retrouvée sans domicile fixe, bien que la loi, dans son article 507, ait clairement stipulé que “les personnes physiques âgées de 60 ans révolus à la date de la publication de la présente loi et qui peuvent prétendre au droit au maintien dans les lieux à usage d'habitation au titre de la législation antérieure, continueront d'en bénéficier jusqu'à leur décès.” Chérifa Brahim El Rahmani, une vieille dame de 84 ans, risque de se retrouver elle aussi à la rue, bien que la décision d'expulsion concerne son fils. Hakim, ancien membre de la DGSN, lui-même mis à la rue avec toute sa famille, après que la direction de la DGSN lui a demandé de quitter le logement de fonction. “J'ai servi le pays dans ses moments les plus durs, je suis une victime du terrorisme, et j'ai échappé 3 fois à la mort”, raconte M. Salmi. “Je crois que je vais me rendre aux autorités et dire que je suis un terroriste et peut-être comme ça je pourrais bénéficier d'un logement social”, lance-t-il avec dérision. Ces familles sont un échantillon d'une situation pour le moins dramatique que connaît le pays, où pour la seule année 2009, Alger-Centre a enregistré près de 300 familles entre expulsées et en voie d'expulsion, parmi elles, 170 familles sont déjà à la rue. Kouba quant à elle, compte 217 dossiers de famille expulsées ou sous la menace d'expulsion et 200 familles sont dans le même cas dans la commune de Bologhine. DJAZIA SAFTA