InfoSoir : Pouvez vous nous présenter l'association Sos-expulsion ? D. Bouregaâ : L'association Sos-Expulsion a été créée le 25 juillet 2009. Mais je vous signale qu'une association similaire qui avait le même nom, existait déjà entre 2001 et 2003. L'ancienne association a été créée par le défunt maître Khelili et M. Benmouhoub. Mais elle s'est autodissoute après la mort de Me Khelili. L'actuelle Sos-Expulsion a été créée à la suite de la multiplication des opérations d'expulsion à travers les 48 wilayas, particulièrement à Alger. Les victimes se sont organisées et ont décidé de créer cette association qui est un comité qui travaille sous l'égide de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (Laddh). Quelles sont les missions de l'association ? Sos-Expulsion a pour principale mission de défendre les droits des familles victimes des expulsions arbitraires à travers tout le territoire national par les moyens légaux. Ainsi, nous comptons défendre nos droits par la sensibilisation de l'opinion publique et des autorités concernées, et ce, par la médiatisation de ces expulsions. En outre, nous orientons et nous donnons des conseils aux familles expulsées arbitrairement de leurs logements, via des magistrats et des avocats qui font partie de notre association. En outre, nous avons mis un numéro vert (021 73 95 20) à la disposition des gens qui aimeraient nous contacter. L'Etat n'est-il pas parfois dans son bon droit ? Les opérations d'expulsion sont de plus en plus nombreuses ces derniers mois. Une bonne partie est arbitraire, car les habitants de certains logements y ont passé toute leur vie. Mais du jour au lendemain, une décision d'expulsion établie d'une manière ou d'une autre vient évacuer ces familles de leurs logements sans prendre en considération la vulnérabilité de ces habitants, notamment les enfants et les personnes âgées. Dites-moi de quel droit peut-on jeter des enfants et des personnes âgées dans la rue alors que la loi interdit d'expulser les personnes âgées de 60 ans et plus de leurs logements ? Quel est le nombre de familles expulsées ? Pour l'instant, nous n'avons pas de chiffres exacts sur le nombre des familles expulsées. Toutefois, je peux vous assurer qu'il y en a des centaines. A titre d'exemple, au niveau de la commune de Kouba seulement, près de 200 familles ont été déjà expulsées. Il n'y a pas un jour qui passe sans que nous recevions des appels de la part de nouvelles familles expulsées à travers toutes les wilayas du pays, dont les derniers proviennent de Sétif, d'El Bayadh et de Souk Ahras. Qu'attend l'association Sos-expulsion des autorités ? Nous sommes de simples citoyens algériens et nous avons droit au logement comme tous les autres. Ce que nous voulons, c'est que les pouvoirs publics étudient nos situations, et nous demandons aussi l'ouverture d'enquêtes sur certaines expulsions arbitraires. Beaucoup d'entre nous sont prêts à quitter leurs logements en litige à condition que le gouvernement nous donne d'autres logements. Nos enfants et nos parents souffrent, nous appelons le gouvernement et le président de la République à intervenir pour mettre fin à nos souffrances d'autant que le ramadan approche. La désillusion… l Un policier a été également jeté à la rue après avoir quitté son travail pour des raisons familiales. L'homme en question a été, à trois reprises, la cible de trois attentats à Aïn Benian. «Quoique blessé, j'ai toujours habité chez moi pour prouver que je n'ai pas peur des terroristes, j'étais, je suis et je serai toujours fier d'avoir servi mon pays malgré tout ce que j'endure et malgré l'ingratitude de quelques responsables.».