Des ouvriers non-voyants se sont rassemblés hier à la Maison du peuple. À l'origine de ce mouvement de contestation, ils évoquent le risque de la fermeture de l'usine qui fabrique des balais qui compte 1 090 salariés, dont 90% des ouvriers sont des handicapés. L'entreprise publique de réinsertion des personnes handicapées sise à El- Harrach, à l'est d'Alger, existe depuis quinze ans. En effet, ces travailleurs qui cherchent à être rassurés sur leur avenir professionnel ont dû passer la nuit de dimanche à lundi devant le siège de la Centrale syndicale. Les contestataires qui se trouvent dans une situation délicate avant le Ramadhan demandent le versement des salaires impayés, surtout si la mesure de fermeture de leur usine se confirme. “Si les autorités comptent réellement fermer l'usine, nous demandons seulement des dommages et intérêts sur nos salaires. La paie qu'on reçoit est de 8 000 DA, et cela ne suffit nullement pour vivre”, a déclaré Ouksani Lakhdar, responsable de l'organisation syndicale de l'entreprise. S'ils considèrent que leurs salaires ne leur suffisent plus pour une vie digne, ils souhaitent que les projets qu'ils ont soumis à l'Ansej obtiennent une réponse favorable pour qu'ils puissent créer leur propre entreprise. Par ailleurs, les contestataires ont saisi l'occasion de ce meeting pour remettre sur le tapis les vieilles revendications à l'exemple de la prise en charge par la Fonction publique des personnes se trouvant dans l'incapacité de travailler. Selon le représentant syndical, la décision de fermer l'entreprise a été notifiée verbalement le 23 février dernier. Mais jusqu'au jour d'aujourd'hui, aucun document officiel n'est venu confirmer ou infirmer cette décision. Seule une feuille de route sur les dispositions prévues pour les travailleurs serait disponible, selon le syndicat. “Les personnes âgées entre 50-59 ans, seront mises à la retraite. Pour les 47-49 ans, elles seront enregistrées à la Caisse nationale de chômage. Enfin, les départs volontaires seront rémunérés à hauteur de 300 000 DA”, a précisé le représentant syndical. Interrogé sur le paiement des arriérés des salaires, le syndicaliste a reconnu que la situation interne de l'entreprise n'est pas du tout reluisante, d'autant que plusieurs fonctionnaires n'ont pas encore reçu le salaire de juillet. “Le pire est qu'il existe des dettes internes impayées depuis 2004, et dont le montant équivaut à 67 à 100 mois de salaires”, a souligné M. Ouksani. “Nous voulons bénéficier d'une prime familiale, la vie est chère et nos paies ne nous aident pas”, a également demandé le responsable du syndicat. En attendant la rencontre avec le secrétaire national des conflits sociaux au sein de l'UGTA, les manifestants sont décidés à aller jusqu'au bout afin d'arracher leurs droits. Hana Menasria