Chaque mercredi et jeudi, les allées Ben-Boulaïd et les artères de la ville de Batna deviennent le théâtre d'exhibitions. Les us et coutumes dans le pays des Aurès sont non seulement en train de disparaître, mais pis, de changer. Les gens de Batna assistent ces jours-ci à une autre forme de fantasia, différente de celle de leurs ancêtres, une fantasia qui se distingue non pas par les réjouissances, les divertissements et les spectacles qu'elle crée, mais par le cortège de malheurs qu'elle entraîne derrière elle. Une fantasia, qui crée beaucoup plus “fejâa” que “fordja” (la peur que le spectacle), est en train de naître, Les carrousels au cours desquels les cavaliers s'élancent au galop en tirant des coups de fusil ont disparu en se laissant remplacer par des carrousels d'automobiles de luxe, dans leurs courses effrénées et dangereuses. Chaque mercredi et jeudi, les allées Ben-Boulaïd et les artères de la ville de Batna deviennent le théâtre de leurs exhibitions. Les m'as-tu vu se donnent en spectacle. Les vitres baissées, des fusils de tous genres et de tous calibres pointent leurs fûts dehors et vident leurs charges, en plus des jongleries avec ces armes pour montrer leur dextérité et leur maîtrise. Des véritables tonnerres emplissent la ville et créent parfois la panique parmi les passants. Les étuis vides de leurs charges, jetés des voitures, au contact de la chaussée, ricochent et enlaidissent la nature. La pollution sonore que les klaxons engendrent, l'odeur du soufre qui se dégage et empeste l'atmosphère, affolent le citoyen et le dérangent davantage, plutôt qu'elles le décontractent et donnent le vif plaisir au passant. Confondant baroud et barouf (grand bruit, tapage), les cartouches trop bourrées explosent comme de véritables charges de dynamite, elles sont entendues à des centaines de mètres à la ronde. Elles explosent en l'air, à vos pieds, parfois même à quelques centimètres de votre visage. Ces tonnerres stressants n'offrent aucun spectacle, plutôt ils tuent la beauté de la fête, sa suavité, sa douceur, cette chose agréable et son côté esthétique. Tout ce carnaval “fi dechra”, tout ce désordre mastodonte est commis au nom de la fête. De quelle fête parlent ces gens ? De ces désagréments, de ces désordres, de ces morts qu'elle cause ? Combien de fêtes ont tourné au drame ? Les voitures, les brides lâchées, s'adonnent aux mille et une acrobaties même parfois aux dépens de leur propre sécurité. D'une main, ils conduisent, et de l'autre, ils déversent des charges de leurs fusils en l'air ou sur l'asphalte faisant soulever des nuages de poussières et de graviers au risque de raviner le visage du passant, pour ne pas dire le tuer. Pis, à chaque salve de baroud, c'est tout l'environnement qui tremble, le tympan qui se détériore. Ces baroudeurs (dans le sens aventuriers) risquent de faire des dégâts dont les ampleurs seront conséquentes. Les services de sécurité devraient sévir pour mettre fin à ces comportements irresponsables non seulement qui tuent la fête, mais qui risquent même de causer mort d'homme. B. Boumaila