Après des mois de tergiversations, un tribunal birman a condamné Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la paix 1991, à dix-huit mois de détention à son domicile de Rangoun. La leader du mouvement démocratique birman a déjà été privée de sa liberté pendant quatorze ans. Cette décision a suscité de vives réactions au sein de la communauté internationale. La Malaisie a appelé l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (Asean) à se réunir d'urgence pour interpeller la Birmanie qui fait partie de l'organisation. Selon tous les observateurs, ce procès a surtout exprimé la volonté du régime des généraux de trouver, à tout prix, un prétexte pour maintenir la figure de proue de l'opposition birmane à l'écart de toute vie politique. Sa période d'assignation à résidence, renouvelée chaque année depuis 2003, expirait le 27 mai. La junte entend, en effet, mener, à l'abri de toute contestation intérieure ou extérieure, ce que le dirigeant birman, le généralissime Than Shwe, a qualifié, le 27 mars 2008, de réforme constitutionnelle destinée à transférer le pouvoir de l'Etat au peuple ! Après un référendum en 2008, alors que la pays venait de subir des inondations meurtrières, des élections générales doivent se tenir en 2010 pour valider ce processus qualifié de feuille de route vers la démocratie. Les généraux peuvent encore compter sur le fait que la Birmanie est riche en matières premières. Rangoon bénéficie d'une grande mansuétude de ses voisins chinois et indien. Et la Russie et la Chine, fournisseurs d'armes à la junte, se sont toujours efforcées de la protéger au sein du Conseil de sécurité de l'ONU. D. B.