La rencontre scientifique organisée hier par le ministère des Affaires religieuses et des Waqfs à Dar El-Imam, à Mohammadia, a été une occasion pour le ministre Bouabdallah Ghlamallah de donner sa propre description de la pauvreté en Algérie. Pour justifier la raison pour laquelle zakat el-fitr devait être en monnaie sonnante, et après avoir posé la question : “Connaissez-vous un pauvre en Algérie qui accepte du pain ou de la nourriture ?”, il donnera sa réponse : “Il n'y a pas dans notre pays de gens qui mendient pour la nourriture. Nos exégètes se sont mis d'accord pour dire qu'il faut procurer aux pauvres ce dont ils ont besoin. Ainsi, s'ils peuvent acheter les habits qu'ils veulent et s'ils ont envie de s'offrir des sucreries, ils auront les moyens nécessaires pour cela.” Les nombreux mendiants que tout le monde rencontre dans toutes les villes et villages du pays apprécieront sûrement cette “sortie”. Nous avons également noté que le ministre n'a pas hésité à prendre comme référence Omar Ibn Abdelaziz, huitième calife omeyyade, alors que l'époque de ce dernier s'était surtout distinguée par le fait qu'il n'arrivait pas à trouver des pauvres à qui donner de l'aumône. Sur le même sujet, la zakat, le ministre reviendra sur la collecte de l'année dernière au niveau d'Alger, en rappelant qu'elle était de 100 dinars. “Il y a à Alger quatre millions d'habitants, mais la collecte n'a pas atteint 40 milliards de centimes (officiellement, c'était 3 milliards de centimes en 2008, ndlr) auxquels on pouvait s'attendre”, affirma-t-il avant d'ajouter : “Si l'on arrive à cette somme qui ne va pas fêter l'Aïd ! Ce sera même mieux que le Panaf.” Ghlamallah s'adressa également aux imams présents dans la salle pour les inciter à “bien” préparer le Ramadhan. Il a ainsi insisté sur l'importance du respect des horaires de l'adhan “pour éviter el fitna dans nos mosquées”. Il n'hésitera pas à dire que “la précision dans les horaires est un trésor (…) et les imams doivent utiliser cette notion pour cultiver le peuple.” Des propos d'autant “surprenants” que la rencontre a débuté avec… 35 minutes de retard. Après le ministre, ce fut au tour du professeur Rabah Benaïssa d'intervenir sur le sujet de la “régulation” des horaires d'el-iftar et el-imsak “scientifiquement et théologiquement”. Tout en faisant la promotion du livre qu'il vient de publier, ce mathématicien s'est attelé à expliquer aux présents (dont la majorité était tout de même des imams et des muezzins) l'utilité des formules et équations dans la détermination des “mawaqite” (horaires) des prières. Si l'intervention du professeur était plus démagogique que pédagogique, celle d'Ibrahim Azzouz était par contre plus “palpable”. Tout en lâchant “j'ai essayé de suivre la conférence (du professeur Rabah Benaïssa, ndlr), mais ce n'était pas facile”, le monsieur “mawaqite el-Iftar et el- imsak” de la RTA des années 70/80 a essayé de donner des explications scientifiques sur le choix des horaires des cinq prières. Il a d'ailleurs donné son “approbation” pour le calendrier que vient d'établir le ministère des Affaires religieuses et des Waqfs pour le Ramadhan 2009 : “Je confirme qu'il est correct”, a-t-il affirmé. Cette rencontre, selon les représentants du ministère, avait pour but de livrer des orientations aux imams et muezzins à l'approche du Ramadhan. L'un des “problèmes” que veut éviter le département de Ghlamallah semble être la “désynchronisation” des horaires de prière, “surtout celles de sobh et d'el-maghreb”. Un point qui, déjà, avant le début du Ramadhan 2008, avait suscité la polémique, surtout avec le courant salafiste. “À ma connaissance, l'année dernière, tous les imams ont respecté nos instructions”, indiqua le ministre avec une satisfaction non cachée. Pour inciter les imams à “persister” dans la même direction, Ghlamallah n'a pas trouvé mieux comme argument que de leur rappeler leur “chance” : “Comparez votre situation avec celle des autres imams dans les autres pays. Ils ne vivent que grâce aux dons et autres aides, alors qu'ici, al hamdoullah, c'est l'Etat qui prend en charge l'imam.”