Qui a dit que les pratiques ancestrales, devenues caduques depuis des années, à la mesure de l'évolution et du modernisme, vont disparaître chez la nouvelle génération ? Tout s'apparente à l'invasion de quelques idéologies ou censures sociales parasitée ça et là, certes, mais les jeunes et moins jeunes, à l'exemple de ce collectif de volontaires du village d'Aït Daoud qui renouent avec l'homme, les saints et le patrimoine culturel et cultuel tant oubliés : une fête à l'honneur de Baba Oudris ; éloge au saint local. Après un vibrant hommage à l'artiste Kamal Hamadi (il y a un mois), les villageois retrouvent l'harmonie dans le rassemblement et la convivialité en vivant une offrande au saint local (vava Oudris). Un héritage loin d'être matériel, rassemblant dans la forme les enfants de la région, même si le fond, i. e. l'âme et les symboles sont aujourd'hui loin d'être avoués par les nouveaux visiteurs. Signalons que le lieu saint et sain de vava Oudris se situe à quelques encablures du village d'Aït Daoud et à quelques mètres seulement de la rivière El-Hammam Boudrar, à la limite des communes d'Akbil et de Yatafen. “Il a suffi de quelques invitations et d'un coup de tambour (tbel) et de cornemuse pour appeler la communauté du mont Djurdjura à venir à la fête traditionnelle autour d'un couscous”, dira un quinquagénaire. C'est aussitôt que des vieilles personnes sillonnent la route de Tala Nesouk et traversent la rivière, 3 à 4 km plus loin, pour rendre — parfois l'ultime — visite au saint rassembleur. “Nous sommes heureuses que la nouvelle génération du gel et de l'Internet se rappelle des traditions, que le saint les guide dans le droit chemin”, prie une septuagénaire. Vava Oudris a bel et bien rassemblé toutes les personnes, toutes générations confondues, dont les desseins se manifestent variablement — selon les intérêts et les convictions —, allant de la baraka à la simple curiosité sur fond d'esprit de solidarité, le tout dilué dans une ambiance de fête. LIMARA B.