Alors que la fête de l'Aïd et la rentrée scolaire approchent, les travailleurs de l'unité Agrégats affiliée à l'entreprise Sonatro de cap Djinet, dans la wilaya de Boumerdès, entament leur sixième mois sans salaire. Une situation difficile que vivent ces travailleurs depuis plus d'une année et qui s'est aggravée avec le début de cette période de Ramadhan marquée par la hausse des prix des denrées alimentaires. Les travailleurs affirment avoir interpellé et saisi toutes les instances syndicales, ainsi que la direction générale de Sonatro, mais sans succès, précisent-ils. “Ils nous ont promis de régler le problème mais nous ne voyons rien venir”, indique un chauffeur de l'unité. Les instances syndicales locales, quant à elles, auraient, selon un membre de la section syndicale, demandé au patron de la Centrale syndicale Sidi-Saïd d'intervenir pour la prise en charge des arriérés de salaire de ces travailleurs. Interrogé sur cette situation, le chef du projet de l'unité nous a affirmé que les travailleurs n'ont pas perçu cinq mois de salaire et a tenu à justifier cette situation par les difficultés financières que traverse l'entreprise. Pour rappel, l'entreprise Sonatro connaît depuis plus de trois années des problèmes de trésorerie, et un plan de redressement récemment élaboré a été présenté aux responsables de la SGP et au ministère pour approbation. Les difficultés de cette entreprise ont été accentuées ces derniers mois par de nombreux conflits de travail entre syndicats et direction. Un conflit qui s'est terminé dans la douleur puisque plus de 320 travailleurs, qui avaient répondu à l'appel de leur syndicat pour observer plusieurs journées de protestation, ont été licenciés pour “abandon de poste” par la direction de Sonatro. La même situation est vécue au niveau d'une filiale de l'EPLF. En effet, pas moins de 420 travailleurs exerçant au niveau des VRD et MCCES, des filiales de l'EPLF de Boumerdès, sont toujours sans salaire depuis plus de deux mois. “Nous sommes en train de vivre un véritable calvaire en cette période de Ramadhan”, nous ont indiqué des travailleurs du MCCES qui se sont présentés hier à notre bureau. Nos interlocuteurs affirment qu'ils viennent de percevoir le salaire du mois de juin, et il leur reste les deux salaires des mois de juillet et août 2009. “Si cette situation perdure, nous sommes contraints de réagir pour recouvrer nos droits”, ajoutent ces travailleurs qui ne veulent pas affronter la fête de l'Aïd et la rentrée scolaire sans argent. L'union de wilaya UGTA de Boumerdès a réagi en saisissant la Fédération de l'urbanisme et de l'habitat, lui demandant son intervention. Pour cette instance syndicale, les problèmes de trésorerie de ces deux entreprises sont liés au fait que ces filiales, comme d'ailleurs l'ensemble du groupe EPLF, n'ont pas encore été absorbées réellement par l'ENPI (Entreprise nationale de promotion immobilière). Une décision qui va intervenir, selon un responsable du groupe EPLF, la semaine prochaine. C'est plutôt rassurant, mais seulement pour les travailleurs des filiales de l'EPLF. D'autres travailleurs d'autres entités publiques, et pas seulement dans la wilaya de Boumerdès, vivent la même situation depuis des mois.