En dépit de tous les efforts consentis par les instances culturelles locales, les soirées de Ramadhan sont marquées par une morosité et une insipidité indescriptibles et l'animation culturelle n'a pas encore atteint son rythme de croisière à Sidi Bel-Abbès et ce, après plus d'une semaine de carême. En effet, pour dérider les citoyens et ambiancer l'atmosphère nocturne de ce mois de jeûne, la direction des affaires religieuses, la commission des affaires culturelles de l'APC, le Théâtre régional de Sidi Bel-Abbès et l'association culturelle El Andaloussia n'ont pas lésiné sur les moyens pour concocter distinctement des programmes. Et ce ne sont pas les associations culturelles ni les groupes musicaux qui manquent dans la région de la Mekerra, qui ne peut qu'être fière d'abriter quatre festivals annuels. Ainsi, chaque soir, à partir de 22 heures, la circulation devient un véritable casse-tête, provoquant ainsi une cacophonie de klaxons rageurs, au milieu de gens qui affluent de toutes parts vers le centre-ville et les places publiques, ainsi que les cafétérias. Aux environs de minuit, tout s'estompe rapidement pour laisser la ville replonger dans la morosité. Dans cette morosité inhabituelle, outre les mosquées qui gagnent énormément de fidèles et qui ne désemplissent pas pendant les prières nocturnes, les deux sites culturels retenus, le Théâtre régional de Sidi Bel-Abbès et le Théâtre de verdure, se caractérisent chaque soir par une affluence timide et malgré des menus pleins. Pour les connaisseurs, cet état de fait s'explique par une démobilisation générale qui caractérise actuellement la population irritée par la cherté de la vie et l'angoisse de l'approche de la rentrée scolaire et de l'Aïd El Fitr. Cette défection du public est sûrement due à la programmation quotidienne de pièces théâtrales au lieu de deux ou trois par semaine. Pour ce qui est des jeunes, les Belabbésiens sont plus adeptes de chansons atonales et dansantes, il aurait fallu prévoir aussi des concerts à travers les principales artères de la ville. “Les gens préfèrent vaquer à leurs affaires personnelles que d'aller dans une salle de spectacle”, déclare un citoyen. Pour les jeunes et les familles en quête de loisirs et de distractions, le programme des veillées artistiques a débuté à partir de la troisième soirée du Ramadhan pour les représentations théâtrales avec la pièce la Poudre d'intelligence de Azzedine Abbar, suivie chaque soir par une pièce, notamment le Projet de l'association Monastir d'Oran, Falso de Azzedine Abbar, Noun de Hmida Ayachi, et Ulysse de la coopérative Eddik, dirigée par Kada Bensmicha. Quant à la commission de la culture de l'APC, elle n'a jusqu'à présent organisé qu'une seule soirée artistique sur les huit prévues jusqu'au 17 septembre prochain. Cette unique soirée a été organisée mercredi dernier au Théâtre de verdure avec un concert animé par l'association culturelle de la musique andalouse Redouane-Bensari, et l'association culturelle de musique moderne. Par ailleurs, l'association culturelle El Andaloussia a concocté un programme dans le cadre des 6es Andaloussiate Ramadhan 2009. Les soirées ont été entamées jeudi dernier avec les jeunes de l'école de l'association culturelle El Andaloussia, qui ont interprété des chants et de la musique andalous, créant ainsi une ambiance familiale et conviviale. Puis l'assistance a eu droit à un cocktail de haouzi, aroubi et mdih par M'Rah Zaki qui a ébahi un public, privé depuis plus d'une dizaine d'années des nuits Andaloussiate Ramadhan. Au lendemain de la soirée, c'était au tour du talentueux chanteur Nasreddine Chaouli, venu d'Alger, de se produire devant le public de Sidi Bel-Abbès. La soirée de samedi dernier a été assurée par Nagham El Andaloussia de Sidi Bel-Abbès et le chanteur Allal Amine qui se sont succédé sur la scène du Théâtre de verdure pour égayer cette veillée familiale. Le public a été gratifié de sublimes morceaux. A. BOUSMAHA