Après les gâteries de ramadhan, c'est l'inertie et le désert culturel. Certains cultivent déjà de la nostalgie pour les années quatre vingt-dix où on organisait des spectacles avec des Fellag, si Moh, Massa Bouchafa et bien d'autres grands artistes. La deuxième décade de ce mois de ramadan est finie et Sidi Aïch vit toujours au rythme d'une platitude vespérale. L'animation culturelle est quasi inexistante. Ni l'APC, encore moins les quelques associations culturelles ou sociales qui continuent vaillamment à exister n'ont pensé à programmer quelques spectacles pour dérider les gens et ambiancer l'atmosphère nocturne. Zahir Messafri, président de l'association Tarwa Oumazigh, explique cet état de fait par la démobilisation générale qui caractérise actuellement la population. « Maintenant les gens préfèrent s'occuper de leurs affaires personnelles que des affaires de leur cité » nous déclare-t-il. Le programme quotidien ? Après s'être empiffré à la meïda garnie de ramadhan, les hommes s'empressent de rejoindre les cafés de la région pour dépenser leur temps et leur argent à coups de loto, de dominos ou d'autres jeux de hasard. S'il est vrai que la mosquée a gagné ces dernières années énormément en fidèles et qu'elle ne désemplit pas pendant les prières nocturnes, la véritable foi en Dieu, quant à elle, les bonnes œuvres et les liens de solidarité que se partageaient auparavant les gens tendent à disparaître pour laisser place à un individualisme de mauvais aloi et à un bigotisme outrancier. Le drame est que personne ne bouge le petit doigt pour lutter contre ce marasme culturel. « Allah ghaleb » nous lance un ancien militant démocrate. « On ne peut rien faire, tout le pays est malade. Que voulez-vous qu'on fasse » renchérit un enseignant obsédé par la concomitance de la rentrée scolaire et du mois de carême. « Ecoutez, on joue l'air du temps, tout le monde est démobilisé, pour redonner l'espoir aux gens, l'envie d'entreprendre, d'aimer…le goût de vivre quoi, ce n'est pas facile » ajoute un autre. Certains cultivent déjà de la nostalgie pour les années quatre vingt-dix où en dépit des soubresauts qui secouaient le pays, on organisait dans la salle des fêtes de la ville, des spectacles avec des Fellag, si Moh, Massa Bouchafa et bien d'autres grands artistes. La fuite de responsabilités des uns et des autres a fait qu'aujourd'hui les seules choses que l'on a en abondance après les gâteries de ramadhan, c'est l'inertie et le désert culturel. Le semblant d'animation qui se remarque, une heure après le f'tour, s'estompe rapidement pour laisser replonger la ville et les villages environnant dans la morosité. Les anciens scouts (groupes Tiziri et Aït Weghlis) ont voulu casser la monotonie ambiante en organisant un gala artistique avec des artistes amateurs, mais que peut faire une seule étoile dans une nuit sombre. Offrir du spectacle pour les familles, les enfants, qui s'en soucie à Sidi Aïch ? On palabre sur l'affolement du mercure, la frénésie du marché, la rentrée scolaire et « l'étroit mousquetaire » qu'est l'enseignant d'aujourd'hui, mais de culture, de théâtre, de cinéma, point.