Son mandat d'un an à la tête de l'Union africaine étant arrivé à expiration, Mouammar El-Kadhafi compte bien poursuivre sa mission. Reste à savoir s'il parviendra à convaincre ses pairs africains de faire une entorse à la règle de la présidence tournante, laquelle devait revenir au Malawi. Décidément le chef de l'Etat libyen n'est pas près de lâcher la présidence de l'Union africaine, qu'il était censé assurer pendant un an seulement conformément à la règle établie de la présidence tournante. Mouammar El-Kadhafi, qui devait remettre le témoin à son successeur, à savoir le Malawi en sa qualité de représentant de l'Afrique australe désigné pour accomplir le mandat suivant, compte bien manœuvrer pour rester à son poste. Ainsi, la question de la présidence de l'Union africaine, qui ne devait pas figurer à l'ordre du jour de la réunion au sommet de ce dimanche à Addis-Abeba, sera l'un des points épineux de cette réunion. Le fait que le leader libyen Mouammar El-Kadhafi s'accroche au poste donne un autre cachet à ce sommet. Les chefs d'Etat et de gouvernement ne devraient pouvoir discuter du développement des technologies de l'information et de la communication, qui constituent le thème officiel de ce sommet bi-annuel, ainsi que des crises du continent comme Madagascar ou la Somalie, qu'une fois cette question de la présidence résolue. Kadhafi, qui assure la présidence de l'Union africaine depuis un an, a laissé entendre qu'il souhaiterait rester à ce poste, alors que normalement la présidence de l'organisation continentale, qui réunit 53 pays, change tous les ans. Elle est attribuée par les chefs d'Etat et de gouvernement à un pays désigné par l'une des cinq régions du continent. Cette année, elle doit revenir à l'Afrique australe, qui a proposé le Malawi. Interpellé par les journalistes sur le respect de cette règle, le président de la commission de l'Union africaine, Jean Ping, s'est contenté de signaler que “cette question est de la compétence exclusive des chefs d'Etat et de gouvernement”, tout en faisant remarquer que “l'avantage de la rotation permet à chaque région d'être représentée”. Devant cette situation, les dirigeants, qui seront présents dans la capitale éthiopienne devront se prononcer sur la question dès le début du sommet lors d'une séance à huis clos. Pour en revenir à ce sommet, dont l'ordre du jour allait être consacré aux “technologies de l'information et de la communication en Afrique”, les débats techniques risquent, comme cela arrive souvent, d'être largement occultés par les crises et conflits, alors que l'UA lance pendant ce sommet “l'année de la paix et de la sécurité en Afrique”. C'est une initiative visant à “donner une nouvelle impulsion aux efforts pour la paix et la sécurité sur le continent, donner une plus grande visibilité à l'action de l'UA dans ce domaine”, selon Jean Ping, qui a toutefois noté “une amélioration générale de la situation des conflits en Afrique”. Il a souligné toutefois que “deux guerres difficiles et douloureuses persistent au Darfour et en Somalie”.