Les pièces les Vigiles et Qadi Eddil ont drainé un grand public au Théâtre régional de Batna. D'ailleurs, le record des entrées (payantes) a été pulvérisé, jeudi dernier, pour le spectacle de Qadi Eddil. Le Théâtre régional de Batna poursuit son odyssée théâtrale en proposant au public batni, de plus en plus nombreux, des représentations théâtrales, en provenance de différentes régions du pays, qui égaillent les veillées ramadhanesques. Mais, il y a deux soirées qui resteront gravées dans la mémoire des batnis : celles de mercredi et de jeudi. En fait, lors de la soirée du mercredi, il a été question de la représentation de la pièce les Vigiles, du Théâtre régional de Béjaïa. Mise en scène et adaptée par Omar Fetmouche, d'après le roman éponyme de Tahar Djaout, la pièce les Vigiles, nous plonge dans l'environnement froid du village de Sidi-Mebrouk, où le héros Mahfoud Lemdjed, évolue et essaie de s'imposer tant bien que mal. Malgré ses efforts et sa motivation, Mahfoud ne parvient à convaincre les responsables du village de Sidi-Mebrouk de l'utilité de son invention : un métier à tisser. Il décide alors de partir en Allemagne pour participer à une foire internationale. Mahfoud Lemdjed décroche le premier prix et retourne à son village, pour travailler dans son pays et honorer la promesse qu'il avait faite à sa fiancée, Samia. Les responsables locaux lui réservent alors un accueil des plus chaleureux. les Vigiles a subjugué le public qui est sorti satisfait à l'issue de la représentation. Quant à la soirée de jeudi, elle a concerné la représentation de la pièce Qadi Eddil (juge de l'ombre), l'une des dernières productions du Théâtre régional de Batna, qui a participé au Festival national du théâtre professionnel d'Alger et couronnée par des prix. Mise en scène par Hassen Boubrioua, d'après une traduction de la pièce de Juge de l'ombre du poète marocain, Abdellatif Laâbi. Qadi Eddil, interprétée pour la 3e fois à Batna, dénonce la misère morale de la société d'aujourd'hui. La pièce développe des questionnements philosophiques, sur le sens des termes “liberté”, “démocratie” ou encore “justice”, le tout maquillé avec de l'ironie et de la fantaisie. L'action de Qadi Eddil se déroule dans un grand souk où tout est à vendre, sauf les rêves qui ne sont plus côtés à la bourse des valeurs, pour cause de faillite. La pièce propose également de courtes parodies, notamment sur les mécanismes du pouvoir. D'autre part, Qadi Eddil comporte trois personnages centraux : “Qadi Eddil” (incarné par Ali Djebara), “l'Arabe errant” (interprété avec Samir Oudjit), et “l'Inattendue”. Tous trois représentent des tendances sociales.“l'Arabe errant” représente le droit à la différence, une personne qui croit que sa patrie c'est toute la terre. “L'Arabe errant” marche parce qu'il sait que “s'il s'arrête, il lui faudra endosser l'uniforme de la conformité, se mettre à acheter, à vendre, à se vendre et à acheter les autres.” De son côté, “l'Inattendue” prend la symbolique. Outre la thématique, quelques problèmes persistent, du point de vue de la technique, donc des réglages, notamment au niveau de la mise en scène, jugés plus que nécessaires. Par ailleurs, Qadi Eddil nous laisse seuls avec notre conscience. À l'issue de la représentation, seuls face à nous même, une question persiste : Quelle humanité nous voulons demain ? Quel monde voudrions-nous construire ?