Comme chaque année, le mois sacré de Ramadhan est une opportunité pour toute sorte de gain. À l'approche déjà du mois sacré, les prix du consommable flambent au-delà du plafond. La petite bourse laisse le consommateur abasourdi face à l'impossibilité de remplir le couffin, pendant que le marché varie en produits, même le pain se présente sous d'autres formes et d'autres décors, pour mieux accrocher les acheteurs alléchés. Les commerçants s'enrichissent davantage pendant que les citoyens abattus, par le jeûne du Ramadhan, font le grand rush autour de tout étal garni. La faim et l'envie invitent à rafler ce qui s'y trouve. Côté ambiance, rien de nouveau pour certains : la morosité est familière. “Rien n'est proposé pour des centaines de jeunes qui n'ont généralement que la rue et du chemin à arpenter à longueur de journée. Aucun foyer, ni espace culturel où passer le temps avec des amis, échanger, se cultiver”, dira un étudiant en vacances. Ces jeunes qui, pour la plupart, évitent de jouer les coudées larges avec les vieux, préfèrent quitter les quelques cafés de fortune où l'on se livre à des jeux de hasard. Mais pour aller où ? Les villages d'Ath Yenni se regroupent un peu comme un seul bloc, rapprochés par la distance, les villageois font la trotte après la rupture du jeûne. “Une bonne partie de dominos avec ma clique, autour d'un thé à la menthe me fait du bien et puis ça me permet de décompresser et de me dégourdir les jambes pour arriver au café du Centre”, dira un vieux de Taourirt-Mimoun. À Yatafène, une commune qui regroupe deux grands villages et un chef-lieu, le Ramadhan est évoqué comme une nostalgie ; le bon vieux temps. L'époque où chacun s'inquiétait de l'autre, de son voisin, de son compatriote. Aujourd'hui, les choses ont changé. Les jours se ressemblent et s'étirent dans l'oisiveté. “Le jour se transforme en nuit et vice-versa. Les gens restent à jeûner toute la journée et le soir venu, ils se “gavent”, sans se soucier des pauvres qui n'ont rien à mettre sur la table ; finie la solidarité d'antan”, regrette Ali, un homme d'un certain âge à Yatafène. Certains véhiculés descendent chaque soir au chef-lieu situé à 8 km des villages pour une partie de dominos, d'autres déplorent le manque de transport et de navettes pour sortir de la routine. “Les pauvres n'ont que le choix du zapping, encore faut-il avoir un téléviseur, car même pour se connecter sur le Net, le premier cybercafé est situé à plus de 7 km, et pour l'ADSL, il faut aller jusqu'à Aïn El-Hammam (l'ex-Michelet), à 21 km plus loin”, confie Samy, la trentaine. Par ailleurs, la modernité nous fait enfoncer dans un égocentrisme où même les membres d'une seule famille tentent de vivre chacun dans son petit coin. Toutefois, il reste encore quelques familles qui semblent résister aux vicissitudes du temps. Elles se rendent visite, histoire d'échanger des nouvelles... “Je dois impérativement et chaque soir m'imprégner de la situation de nos voisins et des personnes âgées avec lesquelles on échange quelques évocations, il est même de notre devoir de leur rendre visite”, estime un sexagénaire d'Iboudrarène.