C'est en 2010 que l'Algérie assistera à une chute importante de ses importations L'Algérie a importé de janvier à juillet 2009 pour 23,246 milliards de dollars, contre 22,516 milliards de dollars durant la même période de 2008, soit une hausse de 3,24%. Ces chiffres émanent du Centre national de l'informatique et des statistiques (Cnis). Ils renseignent à eux seuls sur un fait : les lois de finances pour 2008 et 2009 n'ont pu freiner, pour l'heure, la valeur des importations de l'Algérie. L'explication à cette tendance est liée à l'importance de l'importation des biens d'équipements devant parachever le programme quinquennal. Concrètement parlant, ces importations sont, en effet, constituées essentiellement des biens d'équipements industriels (37,96%), des demi-produits (25,67%), des biens alimentaires (15,98%), des biens de consommation (15,74%), des produits bruts (3%), des produits énergétiques et lubrifiants (1,17%) et des biens d'équipements agricoles (0,49%), selon le Cnis. Le recours à l'importation de ces biens d'équipements est lié à l'impératif d'équiper des infrastructures au dernier stade de réalisation. Cependant, la facture alimentaire et les produits destinés à la revente en état sont en baisse. Ce faisant, les effets des lois de finances, notamment celle de la loi de finances complémentaire (LFC) pour 2009 sur la valeur des importations globale de l'Algérie ne seront donc perceptibles qu'à l'automne 2009, voire 2010. La suppression du crédit automobile réduira, à elle seule, sensiblement la facture des importations de l'Algérie au vu de son importance. En 2008, par exemple, les importations automobiles de l'Algérie ont enregistré une forte hausse en raison de la hausse de la demande. Le marché algérien de l'automobile a connu une forte croissance de près de 50% durant l'année 2008 par rapport à 2007, selon les données recueillies auprès du Centre national de l'informatique et des statistiques. Les véhicules importés en Algérie ont atteint le nombre de 352 315 pour une valeur de 286,907 milliards de dinars, soit l'équivalent de 3,81 milliards de dollars, contre 236 795 véhicules pour 204,531 milliards de dinars en 2007 (2,92 milliards de dollars). Les statistiques douanières indiquent que 327 506 véhicules ont été introduits par les concessionnaires pour un montant de 256 501 milliards de dinars, contre 117 166 unités pour 178,859 milliards de dinars durant la même période de 2007, soit une hausse de 50,8%. Les véhicules achetés par les particuliers ont suivi la même tendance haussière en passant à 24 809 unités pour un montant de 30,406 milliards de dinars, contre 18 629 unités pour 25,672 milliards. Malgré cette hausse de 18,44%, le nombre de voitures importées par les particuliers reste très modeste par rapport à celui des concessionnaires dont les ventes sont dopées par le crédit automobile octroyé par les différentes banques nationales et étrangères installées en Algérie. Durant les 7 mois de 2009, la facture automobile a baissé de 11%. Mais elle reste élevée : plus de 2 milliards de dollars. À partir de l'automne, la baisse sera plus sensible, effet de la suppression du crédit automobile. Parmi les mesures arrêtées pour freiner les achats à l'étranger, l'importation des services a été taxée à 3%, à la faveur de la LFC pour 2009 pour réduire le recours à l'importation et de s'orienter davantage vers le marché national. Quant au volet relatif à la réorganisation du commerce extérieur, la participation algérienne minimum aux sociétés constituées à partir de la promulgation de la LFC 2009, en vue de l'exercice des activités de commerce extérieur, est fixée à 30%. Une autre nouveauté a été, par ailleurs, apportée par la LFC en matière de paiement des importations, celle du crédit documentaire (Credoc). L'institution de ce nouvel instrument vise à assurer la traçabilité, le suivi et le contrôle des opérations de commerce extérieur qui ont généré, jusque-là, “un phénomène de pompe aspirante des devises”, selon les propos du ministre des Finances Karim Djoudi. Ce moyen de paiement permettra aussi de réduire les importations des produits qui “ne correspondent à aucune demande locale et qui se trouvent, donc, non consommés”. Si cet effort de réguler le commerce extérieur peut se justifier, par contre, on peut regretter que la même armada de mesures ne soit pas décidée en faveur du développement des exportations hors hydrocarbures, en un mot en direction de la diversification de nos revenus extérieurs.