Pour le président de l'Autorité palestinienne, ce serait une pure perte de temps que de rencontrer le Premier ministre israélien, qui persiste à vouloir imposer le fait accompli à la communauté internationale sur la question de la colonisation, dont l'arrêt est un point essentiel de la reprise des négociations. Mahmoud Abbas ne se fait pas d'illusions sur les intentions de Benjamin Netanyahu quant à la poursuite de la colonisation en Cisjordanie. Conscient qu'il ne servirait à rien d'aller discuter sur le sujet avec le chef du gouvernement israélien, il refuse tout simplement d'aller à sa rencontre. En effet, interrogé sur une éventuelle rencontre tripartite avec le président Barack Obama et Netanyahu si ce dernier décidait effectivement d'accélérer la colonisation, Mahmoud Abbas a répondu : “Cela voudrait dire qu'il ne veut rien faire, et il n'y a pas besoin de le rencontrer.” Cette appréhension du président de l'Autorité palestinienne s'est confirmée hier avec l'annonce par l'Etat hébreu de son intention de construire des “centaines de logements” dans les colonies de Cisjordanie, malgré l'avalanche de critiques que ce projet a suscitées dans le monde. C'est le ministre israélien des Transports, Israël Katz, qui a déclaré à la radio publique : “Le Premier ministre Benjamin Netanyahu va annoncer dans les prochains jours la construction de plusieurs centaines de logements supplémentaires et de bâtiments publics tels que des écoles, des synagogues, des dispensaires en Judée-Samarie (Cisjordanie).” À en croire la presse locale, Netanyahu compte autoriser la construction d'une centaine de bâtiments comprenant un demi-millier de logements dans les colonies de Cisjordanie où habitent déjà 300 000 Israéliens. Cela ne fait que confirmer ses intentions révélées la veille, lorsqu'il avait fait savoir qu'il entendait donner un coup d'accélérateur à la colonisation en Cisjordanie occupée avant un “moratoire” de plusieurs mois. Katz, qui est un proche du Premier ministre, a également confirmé que Netanyahu entendait aussi permettre la poursuite de la construction dans la douzaine de quartiers israéliens situés à Jérusalem-Est, où vivent 200 000 Israéliens, et l'achèvement de 2500 logements en chantier actuellement en Cisjordanie. Pour en revenir à cette question de gel de la colonisation, la même source souligne : “Nous ne parlons pas de gel (...) Tous les détails n'ont pas encore été réglés avec les Américains.” Ainsi, le chef du gouvernement israélien refuse catégoriquement la notion de “gel” de la colonisation préconisé publiquement par le président Barack Obama et préfère parler de “ralentissement” de la colonisation. Katz a justifié l'attitude du Premier ministre en expliquant que le président Obama n'était pas parvenu à obtenir de “gestes” de la part des pays arabes en échange de concessions israéliennes sur la colonisation. Il déplore le fait que “le président Obama n'a pas réussi à convaincre les pays arabes de faire des gestes pour favoriser la reprise des négociations. L'Arabie saoudite a ainsi refusé d'autoriser le survol de son espace aérien à des avions israéliens en affirmant que de tels vols auraient désacralisé les lieux saints de l'islam”. La seule voix contre la colonisation en Israël, en le mouvement “la paix maintenant” qui a dénoncé, par le biais de son secrétaire général, Yaariv Oppenheimer, les projets de Netanyahu. “Il s'agit d'un gel virtuel, la construction en Cisjordanie et à Jérusalem-Est va continuer de plus belle”, a-t-il prédit.