En Algérie, les personnes vulnérables sont de plus en plus détournées par des réseaux de trafic de drogue, d'armes et de fausses monnaies, mais aussi par des gangs de malfaiteurs qui agressent et nuisent à la tranquillité et à l'ordre public. Le constat est alarmant. Les chiffres révélés, ce week-end, par le Commandement de la Gendarmerie nationale (CGN) donnent matière à réfléchir. C'est que l'implication de larges franges sociales dans les délits et crimes, comme les mineurs (2 077), les femmes (1 447) et les étudiants (1 447), mais aussi les fonctionnaires (2 900) et ceux qui exercent des activités libérales (11 797), montre que le mobile des actes criminels n'est pas tributaire des seuls paramètres du besoin, de la pauvreté, de la misère et du désespoir. Souvent, ces populations ne sont pas issues de bidonvilles, de foyers familiaux déstabilisés ou encore de catégories de frustrés. Cette population représente près de 50% des personnes appréhendées, durant les premiers mois de l'année 2008, par les brigades territoriales et les compagnies de la Gendarmerie nationale à travers les 48 wilayas. En effet, les autres franges sociales (23 359 personnes arrêtées âgées de 18 à 29 ans) constituent une sérieuse menace pour la société et l'économie nationale et s'inscrivent, souvent, dans le registre des repris de justice et des multirécidivistes aguerris dans le crime global. Pour revenir au bilan du CGN, il convient de signaler que pas moins de 42 303 personnes ont été arrêtées dans 32 520 affaires traitées et élucidées, dont 16 347 écrouées et 20 311 autres remises en liberté. Le crime organisé vient en tête avec 7 647 enquêtes menées par les gendarmes ayant abouti à l'arrestation de 7 731 personnes impliquées, dont 4 755 prévenus placés sous mandat de dépôt (MD). Dans ce registre précis, on notera d'emblée que 2 086 affaires liées au trafic de drogue ont été élucidées depuis janvier à fin août dernier, avec une saisie record de 48,6 tonnes de résine de cannabis, alors que 647 enquêtes ont été menées par les gendarmes qui ont traqué les trafiquants d'armes et de munitions, notamment les réseaux en provenance du Maroc. La mafia qui active dans le trafic du véhicule était itinérante, le même bilan fait ressortir 280 enquêtes traitées en 8 mois, avec une saisie de 256 voitures. La contrebande occupe également un chapitre inestimable dans cette moisson, avec 2 528 affaires constatées et 1 380 contrebandiers appréhendés, ayant nécessité la mobilisation constante de dizaines de milliers de gendarmes et d'unités d'élite (sections de sécurité et d'intervention) sur le terrain. En effet, pas moins de 286 934 tonnes de produits alimentaires (huile, semoule, concentré de tomates, etc.), 62 379 cartouches de cigarettes, 982 611 litres de carburant (essence et gasoil), 54 629 effets vestimentaires, 6 169 bouteilles de boissons alcoolisées et 2 574 têtes de cheptel ont été saisis, notamment aux frontières ouest et est du pays. Et ce, en sus de la récupération des moyens de transport, dont 409 voitures et camions, ainsi que 72 motocyclettes. La fausse monnaie n'échappe pas aux gangs qui s'investissent dans le gain facile et l'escroquerie. En ce sens, les gendarmes ont élucidé 73 affaires liées au trafic de billets de banque avant de mettre la main sur 113 faussaires, dont 71 placés sous mandat de dépôt. Plus de 1,7 million de dinars algériens en coupures de 1 000 DA (1 560), de 500 DA (280), de 200 DA (181) et de pièces de 20 DA (12) ont été saisis lors des investigations menées par les sections de recherches des différents Groupements de la Gendarmerie nationale (GGN). Mais il y a aussi les monnaies en devises, dont 179 coupures de 500, 100, 50 et 20 euros, ainsi que des coupures de 10 DA tunisiens. Les enlèvements, les viols et les incendies volontaires en hausse Les investigations menées durant ces 8 mois de l'année en cours ont abouti à l'arrestation de 193 individus impliqués dans les enlèvements, dont 112 placés sous mandat de dépôt. Ces ravisseurs sont directement ou indirectement mêlés à la séquestration, au chantage et aux demandes de rançon, voire aux crimes puisque des otages ont été froidement exécutés pour non-payement de la contrepartie exigée sous délai de rigueur. Les gendarmes ont eu à traiter 131 affaires d'enlèvement dans les 48 wilayas, notamment au nord du pays. Les affaires liées au viol (173) et à l'atteinte à la pudeur (495) viennent se greffer à ce lot d'infractions de droit commun aux côtés des vols (3 846), des coups et blessures volontaires (2 809 cas de CBV), des menaces de mort (392), d'associations de malfaiteurs (614), d'outrages sur personnes et corps constitués (250), de faux documents administratifs (384) et de violations de domiciles (317). Les homicides volontaires (185) et le racolage sur la voie publique (85) ressortent aussi du même bilan qui fait, par ailleurs, état de 526 enquêtes liées à la destruction et dégradation de biens et 63 autres enquêtes sur les occupations illégales (squat) des biens de l'Etat et d'autrui. Les incendies volontaires qui ont ravagé des milliers d'hectares de végétation ressortent de ce bilan selon lequel pas moins de 91 enquêtes ont été menées à terme et ayant abouti à l'interpellation de 90 personnes impliquées dans ces sinistres, dont 38 ont été placées sous mandat de dépôt. Les escroqueries ont fait l'objet de 155 enquêtes ayant abouti à l'arrestation de 152 individus, dont 100 sont actuellement écroués. Leurs acolytes, ceux qui ont opéré par abus de confiance, n'ont pas échappé aux gendarmes qui ont arrêté 62 personnes dans les 58 affaires élucidées. Signalons, enfin, que 147 sur 413 harragas appréhendés ont été écroués pour migration par mer. Quant à l'immigration clandestine, le CGN signale dans son bilan que pas moins de 4 386 étrangers (près de 20 nationalités) ont été arrêtés aux frontières, dont 1 003 ont été écroués. Les gendarmes ont traité à cet effet 1 186 affaires ayant abouti au refoulement de 3 227 personnes et à la mise en liberté de 12 autres après des suites judiciaires.