Red Lines (Lignes rouges) est le nom d'un groupe paramilitaire d'extrême droite britannique qui prend pour cible depuis quelque temps la communauté musulmane du pays. Mercredi dernier, des compatriotes résidant dans le nord de Londres ont été mis en garde par les services de Scotland Yard contre des attaques que des militants de Red Lines projettent contre eux. Les Algériens ne sont pas exclusivement visés par d'éventuelles agressions. L'appel à la vigilance de la police s'adresse également aux autres groupes musulmans disséminés à travers la capitale britannique. Réputé pour sa violence, Red Lines fait parler de lui depuis peu en multipliant vindictes et provocations. Tout récemment, à Birmingham, des affrontements ont opposé des membres de cette organisation à des résidents d'origine asiatique. Sur son site internet, Red Lines est fier de faire le décompte des attaques racistes dont il est l'auteur. D'autres groupuscules à l'instar des Brigades des martyrs aryens (Aryans Martyrs Brigades) sèment également la terreur à travers le pays. Il y a quelques semaines, ce groupe adressait une menace de mort à Weyman Benett, un activiste antifasciste. Les avertissements des néonazis britanniques sont pris très au sérieux par les services de sécurité et de renseignements compte tenu de la connexion de ces groupes avec des filières de trafic d'armes. Au cours d'une perquisition récente dans une vingtaine de domiciles du Yorkshire, dans le nord de l'Angleterre, la police a saisi un lot important d'armes incluant des bombes, des grenades et des lance-roquettes. La montée en puissance des groupuscules néonazis fait suite à la victoire inédite du British National Party (Parti national britannique) lors des élections européennes de juin dernier. Les représentants de cette formation ont obtenu deux sièges au parlement de Strasbourg, une première dans l'histoire politique du Royaume-Uni. Ce succès imprévisible a provoqué une onde de choc au sein de la classe politique et des médias. En revanche, dans l'opinion, des voix acquises au discours du BNP n'ont pas hésité à se manifester, reprenant à leur compte les positions racistes du parti. Celui-ci exploite surtout la psychose née des attentats terroristes du 7 juillet 2007 pour diaboliser l'islam et exacerber le sentiment de haine à l'égard des musulmans de Grande-Bretagne. Nick Griffin, président du BNP s'identifie en chef de nouvelles croisades et appelle les Britanniques à se joindre à sa guerre. Dans sa propagande, il s'élève par exemple contre la progression du nombre de mosquées et le port du voile islamique. Sûr de lui, le nouveau Le Pen d'Outre-manche peut compter sur le soutien des organisations d'extrême droite européennes. En août dernier, les militants d'une quinzaine de groupes néonazis se sont joints à une manifestation du BNP. Selon des observateurs, le climat de récession économique en Grande-Bretagne risque de jeter dans les rangs du parti beaucoup plus d'adeptes, qui auront plaisir à casser du musulman pour vaincre leurs frayeurs. Afin d'éviter que les affrontements de Birmingham ne se reproduisent à Londres, Scotland Yard s'est mise en alerte rouge. Des patrouilles supplémentaire de policiers ont été déployées dans les quartiers musulmans de la ville que les adeptes de Red Lines projettent d'attaquer.