500 agents de Scotland Yard ont été mobilisés pour contenir les violences. De son côté, le gouvernement évoque des mesures d'urgence visant à réduire l'influence de l'extrême droite au sein de la population. Le pire a été évité à Harrow, au nord de Londres vendredi dernier où des affrontements violents ont été signalés entre des manifestants néonazis et de jeunes musulmans. Les heurts se sont produits après la prière hebdomadaire, à proximité d'une nouvelle mosquée en construction dans le quartier. 500 agents de Scotland Yard ont été déployés sur les lieux pour contenir la violence. Il y a quelques jours, la police réunissait des membres de la communauté musulmane — dont des Algériens —, les exhortant à la vigilance et à ne pas répondre aux provocations des manifestants de l'extrême droite. De multiples groupes néonazis dont English Defence League (Ligue de défense anglaise), Stop The Islamisation Of Europe (Stop à l'islamisation de l'Europe) ainsi que des groupuscules paramilitaires dangereux comme Red Lines (Lignes Rouges) avaient en effet prévu d'organiser une marche dans les rues de Harrow afin de protester contre la construction de la nouvelle mosquée locale. Ces organisations proches du National British Party – un clone du Front national français et qui a assuré une victoire inédite lors des élections parlementaires européennes en juin dernier – focalisent l'essentiel de leur haine sur les musulmans de Grande-Bretagne qu'ils qualifient de terroristes. Elles ont, d'ailleurs, choisi la commémoration des attentats du 11 septembre 2001 pour entrer en action. À Luton — une ville située à quelques kilomètres de Londres — et à Birmingham — au nord de l'Angleterre — des manifestations similaires de militants de l'extrême droite ont également entraîné des affrontements. Déroutés par cette montée de la violence islamophobique, les services de renseignements et les autorités politiques sont dans l'expectative. Montrant des signes de panique, John Denham, ministre chargé des Communautés a comparé la montée en puissance des groupes néonazis à l'offensive du mouvement des “Chemises grises”, durant les années 30, à l'époque où Hitler promettait de débarrasser l'Europe des races impures. Selon M. Denham, des mesures urgentes doivent être prises afin d'empêcher que l'extrême droite n'attire plus d'adeptes dans ses rangs. D'ores et déjà, la tâche semble difficile. Sur les sites d'organisations comme Stop The Islamisation of Europe, les adhérents sont de plus en plus nombreux. De l'avis de plusieurs analystes, le climat d'incertitude économique et la psychose née des attentats terroristes du 7 juillet 2005, sont les principales motivations qui expliquent la percée de l'extrême droite. Certains reprochent aux médias d'alimenter le sentiment d'islamophobie au sein de l'opinion en instrumentalisant sa peur, à travers des informations sensationnelles. Une boulimie de l'information sécuritaire s'est emparée, en effet, de la presse britannique. Certains titres, réputés de droite, étalent franchement leurs choix éditoriaux en stigmatisant régulièrement les musulmans du pays. Le compte rendu du Daily Telegraph sur les affrontements de Harrow illustre parfaitement cette tendance. Dans l'article, les manifestants néonazis sont décrits comme un petit groupe pacifique et inoffensif que la police antiémeutes a dû protéger pour éviter qu'il soit lynché par les manifestants musulmans.