Il s'agit d'un rapport élaboré par le Conseil français des investisseurs en Afrique consacré à la situation économique de l'Algérie ainsi que sur le climat des affaires dans le pays. Le rapport 2009 du CIAN sur “les entreprises françaises et l'Afrique” analyse comme chaque année la situation économique de l'Algérie et le climat des affaires qui y prévaut. À partir de cette analyse qui confirme les opportunités offertes par l'économie algérienne aux entreprises françaises, le CIAN renouvelle ses convictions et rappelle ses attentes pour la mise en œuvre d'un partenariat entre les opérateurs économiques des deux pays qui peut être le socle de relations renouvelées. UNE SITUATION ECONOMIQUE FAVORABLE La situation économique de l'Algérie est bonne si ce n'est sa très forte dépendance à I'égard des hydrocarbures (46% du PIB, 75% des recettes budgétaires, 97% des exportations). La croissance soutenue par la production accrue des hydrocarbures et d'importants programmes d'investissement dans le BTP est estimée, pour 2008, à 4,9%. L'inflation est maîtrisée (4,3% prévus en 2008), et ce, en dépit des importantes surliquidités et du renchérissement des denrées alimentaires. Le chômage a diminué de moitié depuis 2003 même si son taux reste élevé chez les jeunes (supérieur à 20%). Les ressources générées par les activités pétrolières et gazières qui ont été favorisées par la conjoncture mondiale et que l'Algérie a su habilement gérées, notamment avec la création d'un fonds de régularisation des recettes (FRR dont la réserve atteignait 76 milliards de dollars en juillet 2008) ont contribué à un excédent budgétaire de 15,9 milliards de dollars en 2007 et à la constitution d'importantes réserves de change estimées en juillet 2008 à 137 milliards de dollars, après le remboursement anticipé de la dette extérieure ramenée à 4,5 milliards de dollars. Ces excédents garantissent le financement d'un important programme d'investissement public dans les infrastructures et services sociaux, le Plan de soutien à la croissance et à I'emploi (PSCE) de 200 milliards de dollars sur 5 ans. Le gouvernement algérien a marqué en 2008 sa volonté de pousser la diversification de I'économie du pays par le développement du secteur industriel hors hydrocarbures, dont la part dans le PIB est passée, par suite de la dégradation du secteur public, de 15% au milieu des années 80 à 7% en 2004 pour n'en représenter que 5% en 2008. Il a défini une nouvelle stratégie industrielle ciblant des secteurs-clés comme la pétrochimie, la mécanique, la pharmacie, l'agroalimentaire et l'électronique. Cette stratégie tend à s'appuyer à la fois sur des “champions nationaux”, des partenariats avec de grands groupes et des investissements directs (IDE) plus importants (1,66 milliard de dollars en 2007). DES ENTREPRISES FRANçAISES EN PROGRÈS Pour les entreprises françaises installées sur place tous les indicateurs sont en progression 94% annoncent un chiffre d'affaires en hausse contre 83% en 2008 et 67% en 2007. 67% sont nettement bénéficiaires contre 42% en 2008 et 32% en 2007. Les investissements ont doublé entre 2007 et 2008 et devraient progresser en 2009. UN ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES ENCORE CONTRASTE MAIS EN PROGRÈS L'environnement des affaires en Algérie bénéficie dans le classement des différents pays où les entreprises du CIAN sont implantées d'une note globale moyenne (2,6 sur 5). Il comporte des points forts (note supérieure à 3/5) : les infrastructures aéroportuaires, les télécommunications, le droit du travail, la qualité du personnel de maîtrise, le faible absentéisme, le coût des facteurs de production (eau, énergie, transports). Mais encore plusieurs points faibles pour lesquels l'amélioration est lente : le réseau ferroviaire, la gestion portuaire l'impact du secteur informel et de la fraude douanière, la faible efficacité administrative. Par contre, les contrôles fiscaux sont effectués dans les règles et ne soulèvent pas de critiques particulières de la part des entreprises. Les pratiques relevant de la corruption sont estimées à un niveau moyen de 2,1/5. LES ENGAGEMENTS ET LES ATTENTES DU CIAN POUR LE DEVELOPPEMENT D'UN PARTENARIAT ECONOMIQUE MUTUELLEMENT PROFITABLE Les membres du CIAN sont pleinement conscients que des échanges économiques intenses et équilibrés, résultat d'une action volontariste des entreprises des deux pays sont appelés à former le socle de relations renforcées et pérennes entre la France et I'Algérie. lls rappellent, à ce propos, que le président Bouteflika lui-même, n'a pas hésité à déclarer, à l'occasion de la 37e Foire internationale d'Alger, que “les entreprises sont au cœur de la relation franco-algérienne” en insistant sur les avantages comparatifs dont bénéficient les entreprises françaises. Les membres du CIAN mesurent l'importance que revêtent pour l'Algérie contrainte de renforcer et de diversifier son appareil de production avant l'entrée en vigueur de la zone de libre-échange prévue pour 2017, les investissements étrangers sur son territoire. Mais ils sont aussi conscients de l'interdépendance de la croissance des économies française et algérienne et des risques que ferait courir à leurs propres entreprises leur non-participation à l'effort de développement de l'Algérie. Ils considèrent enfin que le succès de leur implantation en Algérie dépend de l'existence d'un secteur privé national actif et écouté des pouvoirs publics et avec lequel ils entendent développer des relations d'affaires et de partenariats équilibrés et mutuellement bénéfiques. Compte tenu de ces convictions et considérations les membre du GlAN réaffirment leur disposition à adopter, comme ils l'ont fait dans de nombreux pays d'Afrique subsaharienne, des stratégies d'investissement et de partenariat avec des entreprises algériennes. Plusieurs d'entre eux et non des moindres ont déjà implanté des unités de production en Algérie ou envisagent de le faire. Mais pour que leurs intentions puissent se concrétiser et donner à ce mouvement l'ampleur qui convient, les membres du CIAN considèrent que les deux Etats, chacun dans sa sphère d'autorité, et ensemble, pour certaines d'entre elles doivent prendre les mesures d'incitation et d'accompagnement qui s'imposent. Ils attendent d'abord des deux Etats qu'ils manifestent leur volonté d'être à l'écoute des opérateurs privés et leur souhait de voir les stratégies des entreprises de l'un comme de l'autre s'inscrire dans une perspective de co-développement. Celui-ci doit concerner tous les secteurs susceptibles de concourir au développement de l'Algérie y compris le secteur agro-industriel. Il ne doit pas exclure les investissements que les entreprises algériennes peuvent réaliser en France ni les opérations de compagnonnage facilitant les transferts de savoir-faire et l'ouverture de débouchés indispensables à leur développement. lls attendent de l'Algérie une accélération des mesures de simplification administrative et de libération des disponibilités foncières nécessaires ainsi que l'accélération de I'ensemble des procédures requises pour la réalisation d'un investissement. lls souhaitent que, sans attendre l'éventuelle création d'une Banque de la Méditerranée qui est de nouveau évoquée, les autorités des deux pays décident au plan bilatéral, la mise en place de mécanismes de financement spécialement dédiées aux PME, qu'il s'agisse d'investissement en capital, de prêts à long terme ou de garanties contre le risque économique… Les membres du CIAN estiment par ailleurs que des programmes d'appui technique comportant des actions de formation et de transfert de savoir-faire devraient être mis en œuvre par l'Agence française de développement en accompagnement des projets d'investissement des entreprises françaises, des partenariats et de toute opération de “compagnonnage industriel”. lls considèrent que serait également utile la création en France d'une instance légère, éventuellement mixte de communication et d'animation chargée de valoriser auprès des investisseurs potentiels la destination Algérie et de diffuser les opportunités sectorielles d'investissement. Enfin le CIAN estime souhaitable l'existence d'instances de concertation entre organisations professionnelles algériennes et françaises et confirme sa disponibilité à y participer.