Deux syndicats du livre, le SNEL et le SPL, ont adressé une lettre ouverte intitulée “SOS livre en péril !” au président Bouteflika pour le sensibiliser sur les dangereuses répercussions des mesures contenues dans la loi de finances complémentaire sur leur profession. “Grande a été notre surprise d'apprendre qu'il nous était dorénavant interdit de recourir au crédit fournisseur et que nous devions régler au comptant la valeur de nos importations de livres et de presse spécialisée”, lit-on dans la missive. “Ces mesures ne serviront que les intérêts des éditeurs étrangers et annihilent tous les efforts déployés durant plusieurs années afin d'obtenir leur confiance”, estiment les deux syndicats avant de préciser : “En fait, il s'agit aujourd'hui pour nous de préfinancer nos partenaires, d'autant plus que nos banques ont exigé de nous l'apport de la totalité des fonds.” De leur avis, cette nouvelle donne risque de compromettre aussi bien la rentrée universitaire que le 14e Salon international du livre d'Alger (Sila). “Ces nouvelles dispositions entraînent fatalement des retards considérables qui vont hypothéquer très sérieusement la rentrée universitaire et le bon déroulement du 14e Sila (Salon international du livre d'Alger), prévu le 27 octobre prochain, et auquel nous tenons à participer”, préviennent-ils. Leur crainte est grande de voir survenir, dans les prochains mois, une pénurie de livres et de presse. “À l'ère des nouvelles technologies, peut-on se satisfaire exclusivement de l'édition nationale, d'ailleurs menacée au même titre que l'importation des livres, sachant que le papier et l'encre sont soumis à la même réglementation ? Nul ne doute que des milliers de familles en pâtiront, que s'installera dans les prochains mois une véritable pénurie du livre et de presse engendrant l'augmentation des prix et la naissance d'une spirale inflationniste, sans compter que des pans entiers de l'industrie du livre encourent la fermeture pure et simple”, expliquent-ils. Et pour appuyer leur requête, les deux syndicats ont fait remarquer au premier magistrat du pays que leur activité ne représente que 30 millions de dollars, soit 0,075% du volume global des importations. Il faut savoir que pas moins de 34 éditeurs sont signataires de la lettre ouverte.