«La loi de finances complémentaire n'a pas tenu compte de la spécificité de notre secteur», affirment les 34 signataires de la lettre adressée au président de la République. Suite à la réunion des deux syndicats du livre, Snel et Spl, une lettre a été adressée au président de la République à titre de contestation des nouvelles dispositions de la loi de finances complémentaire 2009 et des risques qu'encourt la profession. Ce recours concerne notamment son article 69 relatif au crédit documentaire, afin de trouver, dit-on, une réponse à la grande inquiétude qui entoure aujourd'hui la profession. «Grande a été notre surprise d'apprendre qu'il nous était dorénavant interdit de recourir au crédit fournisseur et que nous devions régler au comptant la valeur de nos importations de livres et de presse spécialisée.» Des mesures que les 34 signataires de ladite lettre reconnaissent qu'elles ne serviront que les intérêts des éditeurs étrangers et annihilent, souligne-t-on, tous les efforts déployés durant plusieurs années afin d'obtenir la confiance des nationaux. «Il s'agit pour nous aujourd'hui de préfinancer nos partenaires, d'autant plus que nos banques ont exigé de nous l'apport de la totalité des fonds.» Ces nouvelles dispositions estime-t-on «entraînent de retards considérables qui vont hypothéquer très sérieusement la rentrée universitaire et le bon déroulement du 14e Sila (Salon international du livre d' Alger) prévu le 27 octobre prochain et auquel nous tenons à participer.» Les membres du Snel et du Spl s'interrogent quant à l'importation des livres dans un cadre financier où le papier et l'encre sont soumis à la même réglementation, à l'ère des nouvelles technologies. «Nul ne doute que des milliers de familles en pâtiront, que s'installera dans les prochains mois une véritable pénurie du livre et de la presse engendrant l'augmentation des prix et la naissance d'une spirale inflationniste, sans compter que des pans entiers de l'industrie du livre encourent la fermeture pure et simple.» Les représentants des deux syndicats entendent ainsi attirer l'attention du président de la République sur les conséquences susénoncées de la dite loi de finances complémentaires pour une activité dont «l'apport socioculturel, affirme-t-on est considérable alors qu'elle ne représente que 30 millions de dollars soit 0,075% du montant global des importations de l'année 2008.» Aussi souhaite-t-on venir à bout de ce cycle infernal du livre qui comprend le développement, la production et la diffusion du livre en Algérie. Il est clairement fait état d'une remise en question de cette loi qui, fait-on remarquer, «n'a pas tenu compte de la spécificité de notre secteur (livre)». A quelques semaines de la tenue du prochain Sila, cette lettre témoigne du ras-le-bol de nos éditeurs quant à la mauvaise gestion du secteur «livre» en Algérie. Cela fait des années que ces derniers lancent leur cri d'alarme pour l'installation d'une politique saine et efficace en mesure de permettre la régulation du marché du livre. En vain. Cette lettre semble être l'appel de la dernière chance. Sera-t-elle entendue? La rentrée littéraire, elle, c'est sûr, est plus que menacée. On attend d'abord? Et ensuite, qu'en sera-t-il de la 14e édition du Sila? Nous vivons vraiment dans un monde surréaliste!