Dans une lettre adressée au Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, le Syndicat national des éditeurs du livre (Snel) et le Syndicat professionnel du livre (SPL) ont demandé un recours quant à l'application de la loi de finance complémentaire 2009, notamment son article 69, relatif au crédit documentaire. Dans cette lettre, les éditeurs n'hésitent pas à montrer leur “grande inquiétude” par rapport à la menace de cette loi sur la profession. “Grande a été notre surprise d'apprendre qu'il nous était dorénavant interdit de recourir au crédit fournisseur et que nous devions régler au comptant la valeur de nos importations de livres et de presse spécialisée. Ces mesures ne serviront que les intérêts des éditeurs étrangers et annihilent tous les efforts déployés durant plusieurs années afin d'obtenir leur confiance. En fait, il s'agit aujourd'hui pour nous de préfinancer nos partenaires, d'autant plus que nos banques ont exigé de nous l'apport de la totalité des fonds.” En fait, d'habitude, l'importateur s'entend avec son fournisseur étranger sur les délais de paiement. Cela allait de 60 à 90 jours avec parfois des rallonges. Mais avec la mise en application de cette nouvelle loi, ces délais ont été supprimés ; il faut régler avant d'importer, même si le fournisseur accepte d'accorder des délais à ses clients, car la Banque d'Algérie exige que le transfert se fasse à l'ouverture du dossier bancaire. Par cette loi, la chaîne de l'édition se verra brisée, dans un contexte où même les importateurs accordaient des délais aux libraires. Des conséquences désastreuses sur le livre, notons la pénurie de livre, car les importateurs feront moins d'opérations par an, et afin de maintenir leur chiffre d'affaires, ils augmenteront leurs prix. Ceci se répercutera directement sur le client qui, en plus de ne pas trouver de livres à sa portée, devra payer très cher pour l'acquisition d'un livre importé. Et, comme faire des livres en Algérie n'est pas toujours évident, que notamment le papier et l'encre sont importés, les prix des ouvrages édités en Algérie seront également très chers. Le lecteur est donc le premier pénalisé dans cette affaire.