La prière de la nuit prend, couramment, deux appellations en langue arabe : “kiyamou al layli” et “salat al tahadjoud”. Ce sont des prières surérogatoires, nawafil, donc non obligatoires, que l'on peut accomplir pendant et en dehors du Ramadhan. La première appellation est plus courante pour ce qui concerne le fait d'accomplir des actes d'adoration pendant la nuit (prière, lecture du Coran, etc.) ; tandis que la deuxième est plus courante pour la prière accomplie lorsqu'on se réveille après s'être couché, notamment durant le troisième tiers de la nuit. Dieu nous informe qu'ils ne sont pas égaux, celui qui prie la nuit et celui qui ne le fait pas, et dit : “Est-ce que celui qui aux heures de la nuit reste en dévotion, prosterné et debout, prenant garde à l'au-delà et espérant la miséricorde de son Seigneur…” Dit : “Sont-ils égaux ceux qui savent et ceux qui ne savent pas ? Seuls les doués d'intelligence se rappellent” (sourate Az-Zummar, verset 9). Observe cette situation, “reste en dévotion, prosterné et debout”. “Seuls croient en Nos versets ceux qui, lorsqu'on les leur rappelle, tombent prosternés et, par des louanges à leur Seigneur, célèbrent Sa gloire et ne s'enflent pas d'orgueil.” (sourate As-sadjda, sourate 32, verset 15). Kiyamou al layli peut être accompli avant d'aller se coucher dans l'espace entre la prière d'al ichaâ et celle d'al fadjr (entre la prière de la nuit et celle de l'aube). La prière des tarawih fait partie de kiyamou al layli. At tahadjoud est essentiellement accompli après s'être couché (on se couche donc après la prière de la nuit et on se réveille pour prier pendant le troisième tiers de la nuit, avant l'aube). Cette prière est très prisée, vu l'effort déployé afin de lutter contre le sommeil et se lever. Ahmad (rapporté par une bonne chaîne) : Abu Muslim a demandé à Abu Dharr (rar) : “Quel est le meilleur moment pour la prière nocturne ?” Il répondit : j'ai demandé au Prophète (saws) qui m'a répondu : “Après minuit et rares sont ceux qui l'exécutent à cette heure.” Quel bonheur pour celui qui a goûté à ces moments, spécialement au dernier tiers de la nuit, quand notre Seigneur (qu'Il soit glorifié et exalté) descend chaque nuit au ciel de la terre au dernier tiers de la nuit, et Il dit : “Qui est en train de prier que Je lui réponde ? Qui demande quelque chose que Je lui accorde ? Qui demande miséricorde que Je lui pardonne ?” Rapporté par al-Bukhari (et aussi par Muslim, Malik, at-Tirmidhi et Abu Dawud). Dans une version par Muslim, le hadith se termine avec ces mots : “Et Il ainsi continue jusqu'à ce que (la lumière de) l'aube apparaisse.” “Ils s'arrachent de leur lit pour invoquer leur Seigneur, par crainte et espoir ; et ils font largesse de ce que Nous Leur attribuons.” (sourate As-sadjda, sourate 32, verset 16). Pour calculer le troisième tiers de la nuit, il suffit de compter le nombre d'heures contenues entre le coucher du soleil (le crépuscule) et l'aube, puis de les diviser par 3. Mettons que le coucher du soleil soit à 18h et l'aube à 6h. Le nombre d'heures entre 18h et 6h est de 12 heures. Puis, 12 : 3 = 4. Le troisième tiers de la nuit commencera donc 4 heures avant l'aube, donc à 2h du matin. La prière de la nuit s'accomplit de la sorte : il convient d'accomplir au minimum deux rakaats et sans limite maximum. Le Messager d'Allah (sallallahou alayhi wa sallam) avait l'habitude d'accomplir 11 rakaats (4+4+3) (qui duraient environ 5 heures). Les Compagnons du temps de Omar, Othman et Ali (radiyallahou anhom) en accomplissaient 20. Il est donc possible d'augmenter la durée de posture debout et de diminuer le nombre de rakaats, ou de diminuer la durée de posture debout et d'augmenter le nombre de rakaats. Ce qui compte, c'est le temps en général passé à faire la prière. Il est préférable, selon le Messager d'Allah, d'accomplir le tahadjoud en prières de 2 rakaats chacune. AtTabarany (dans alKabir et alAwsat) : le Messager d'Allah (saws) : nous a ordonné de faire la prière nocturne. Il a insisté et dit : “Faites une prière nocturne, même pour une seule rakâa.” Aïcha (rara) a dit : “Le Messager d'Allah (saws) n'exécutait pas plus de onze rakâa pendant la prière nocturne. Il faisait quatre longues, puis encore quatre longues, puis trois. Je lui demandai alors : “O Messager d'Allah, t'endors-tu avant de faire le witr ?” Il répliqua : “Mes yeux s'endorment, mais mon cœur ne dort pas.” (Bukhari et Muslim). Le messager d'Allah (saws) priait toute la nuit jusqu'à ce que ses pieds s'enflent. On lui disait : “Est-ce qu'Allah ne t'a pas pardonné tes fautes passées et futures ? Il répondait : “Est-ce que je ne dois pas être un serviteur reconnaissant ?” Il ventilait entre ses pieds pour apaiser ces maux. Il prenait plaisir à effectuer cette prière et comment ! Il se trouvait devant son Seigneur ? ! C'est la devise du croyant : “Est-ce que je ne dois pas être un serviteur reconnaissant ?” Fais qu'elle soit la tienne aussi. Pleure sur ton compte quand tu écoutes des merveilles pareilles : El Boukhari a raconté que le messager d'Allah (saws) était malade une ou deux nuits, et il n'a pu prier la nuit. Est-ce que tu comprends ce que je veux dire ? Ce n'était pas de son habitude de manquer cette prière, c'était une exception, la règle c'est qu'il priait chaque nuit. Le Prophète (saws) vit un jour Abdallâh ibn Omr et lui dit : “Ne fais pas comme untel, il faisait la prière de la nuit et puis il a cessé.” Mets-toi à sa place, prend ce conseil comme s'il t'était destiné. “Aucun être ne sait ce qu'on a réservé pour eux comme réjouissance pour les yeux, en récompense de ce qu'ils oeuvraient !” (sourate As-sadjda, sourate 32, verset 17).