La sortie précoce des maternités rend difficile le dépistage, dès les premiers jours de sa vie, de pathologies du nourrisson susceptibles de freiner son développement psychomoteur, selon notre interlocutrice. Le Pr Zakia Arrada, chef de l'unité néonatologie du CHU Parnet (Hussein Dey) devient éloquente dès qu'on évoque devant les pathologies du nouveau-né. Elle est, certes, confrontée continuellement, par sa spécialité, à ces troubles qui mettent en détresse les parents au moment de la venue au monde du bébé ou quelques mois après. Mais elle n'admet toujours pas, qu'à notre époque, le développement psychomoteur de nouveau-nés soit compromis, dans beaucoup de cas, par défaut d'une bonne prise en charge de la grossesse ou à cause d'un accouchement mal déroulé. “Il faut insister sur la prévention, qu'elles aient une prise en charge particulière”, lance-t-elle, offensive, avant même l'entame de l'entretien. Elle focalise essentiellement sur les pathologies acquises. Elle cite d'abord les infections materno-fœtales et l'asphyxie périnatale. “Si le cerveau du nourrisson n'est pas oxygéné rapidement, il acquiert un handicap.” Elle passe à l'ictère nucléaire, puis s'attarde sur le cas des prématurés (nés avant la 37e semaine de gestation). Dix à 12% des naissances, en Algérie, n'arrivent pas à terme de la vie in-utérine, soit une proportion proche des séries internationales. “On peut intervenir sur les états de prématurité, les infections, les asphyxies périnatales et les ictères, qui sont pourvoyeurs de handicaps mental, moteur et sensoriel”, soutient la praticienne. L'asphyxie périnatale survient lors d'un accouchement difficile. “Il faut alors césariser rapidement. Si on tarde trop, le bébé en souffre”, explique notre interlocutrice. Les infections materno-fœtales peuvent être évitées si la future maman est informée, par son gynécologue, sur les risques encourus par son fœtus, si elle contracte la rubéole ou la toxoplasmose (si elle est testée négative). La prescription de l'acide folique durant les trois premiers mois de la grossesse réduisent considérablement les probabilités de la naissance du bébé avec le spina bifida, reconnue comme l'une des formes les plus sévères des malformations congénitales. Le Pr Arrada Zakia rappelle que la médecine ne peut rien ou très peu contre les malformations congénitales et les maladies génétiques, une fois le bébé mis au monde. Il n'en demeure que les moyens existent pour détecter l'anomalie dès les premières semaines de la vie fœtale et recommander, ainsi, l'interruption thérapeutique de la grossesse dans les délais autorisés par la religion et l'éthique médicale. L'amniosynthèse, recommandée pour les femmes qui tombent enceinte à un âge avancé, révèle, à titre d'exemple, si le bébé à naître est trisomique ou pas. Si cet examen est remboursé par la caisse de sécurité sociale, en France, pour les futures mamans de plus de 38 ans, il est rarement demandé dans notre pays. Pourtant, la prévalence de la trisomie 21 est importante en Algérie, où les grossesses tardives sont en augmentation. Le taux est de 1 trisomique pour 700 naissances. En moyenne 700 000 naissances sont enregistrées, chaque année dans le pays. Ce qui donne près de 1 000 nouveaux cas de trisomie 21 annuellement. “À la naissance, on détecte les anomalies neurologiques ou les malformations. à trois ou quatre mois, on constate que le bébé n'a pas les acquisitions qu'il faut à l'âge qu'il faut”, développe le chef de l'unité néonatologie du CHU Parnet. Elle regrette, néanmoins, les sorties prématurées des maternités (généralement 24 heures après un accouchement par voie basse) qui ne donnent pas le temps aux pédiatres de repérer une anomalie. Elle avertit quand même sur une réalité incontournable. “Le dépistage précoce peut atténuer de l'importance du handicap, mais on sait déjà que ce dernier est irréversible à la naissance.” Pour cette raison, elle insiste encore une fois sur la prévention, seule gage efficace contre les troubles de naissance graves. D'autant, que rien qu'au CHU Parnet, 10% des nouveau-nés (quelque 8 000 par an) sont hospitalisés pour des pathologies à gravité variable.