On croyait que le véritable fléau ne s'attachait qu'à la fête du Mouloud. Oh ! Que nenni ! viennent de nous rappeler ces indélicats réseaux fantômes qui alimentent le marché de ce produit aussi dangereux que prohibé. Depuis plus d'une semaine avant l'Aïd el-Fitr, le phénomène des pétards est revenu à la charge. À Mostaganem- ville, dans toutes les agglomérations, aussi éloignées fussent-elles, les explosifs “ludiques” de différents calibres inondent les marchés. Certains vendeurs, craignant la saisie de leur dangereuse marchandise, prennent la précaution de n'en exposer qu'une toute petite quantité, sinon de la vendre “sous le comptoir”. Le reste est soigneusement dissimulé dans des cabas loin des regards curieux et indiscrets. Selon un buraliste parfaitement au fait de ce “commerce”, c'est le gigantesque souk informel de Sidi Khattab, ouvert depuis quelques années, en rase campagne, presque à mi-chemin entre Mostaganem et Relizane, qui demeure la plus importante source d'approvisionnement du marché régional. Outre l'habillement, la raison d'être dudit souk, on s'y ravitaille et sans encombre, en gros et par cabas entiers, pour aller proposer aux buralistes, épiciers, et autres marchands improvisés des jouets dont le nombre croit spontanément en cette période festive. Des adolescents et même des enfants sont parfois enrôlés dans ce commerce particulièrement attractif pour les enfants qui y destinent les moindres sous tombant entre leurs mains. Incognito, ils vont déambuler, cabas ou sac-à-dos sur l'épaule, à travers artères des villes et souks hebdomadaires, pour vanter les effets effrayants et spectaculaires de explosifs qu'ils proposent sous différentes formes et prix. Après la rupture du jeûne, enfants, jeunes et même des adultes s'en donnent à cœur joie, jusqu'à des heures tardives de la nuit, en perturbant la quiétude des malades, vieillards et autres travailleurs en quête de repos et de sommeil en vue d'un réveil matinal, bon pied bon œil ! La mémoire populaire et citoyenne étant fatalement courte, les Mostaganémois ont vite oublié le crime perpétré à Tigditt, justement à cause d'un pétard. Un pétard pour lequel l'assassin, un jeune de 20 ans doit encore purger la peine des 12 ans de réclusion à laquelle il fut condamné ! M. O. T.