Le réalisateur Bachir Derraïs tourne, en ce moment à Alger, une série de six épisodes et un film sur les aventures du Commissaire Llob, d'après un scénario inédit et spécialement écrit pour lui par Yasmina Khadra. Après des escales dans plusieurs villes d'Algérie, notamment Oran, Bachir Derraïs et toute son équipe tournent l'une des dernières scènes à Alger de son film sur les aventures du Commissaire Llob, qui inspirera également une série de six épisodes, qui seront diffusés en mars prochain sur la télévision algérienne. Le tournage qui dure depuis cinq mois touche donc à sa fin. Dans cette fiction, le Commissaire Llob, personnage emblématique des polars de Yasmina Khadra, est chargé de traquer un cartel de trafiquants de drogue. En fait, c'est l'histoire d'un comptable qui possède des papiers compromettants sur cette mafia algérienne. Cette dernière le découvre et engage un tueur, qu'elle paie très cher d'ailleurs, pour abattre le fugitif. Allal, le “nettoyeur”, qui a participé à l'entreprise sanglante des années 1990 : crimes, massacres, faux barrages, etc. et qui s'est transformé en tueur à gages. Si Allal s'est repenti, ce n'est que de son passé de fanatique, sa soif de sang n'est pas apaisée et il prend un malin plaisir à tuer. Il est campé par Lyes Salem qui change de registre après avoir excellé dans l'humour avec le succès de Mascarades, largement primé et salué par la critique et le public. Croisé lors du tournage, Lyes Salem a considéré : “C'est un rôle tout à fait nouveau et excitant et je prends beaucoup de plaisir à tourner en Algérie car c'est important pour moi, même si c'est parfois compliqué.” En plus du héros de Mascarades, une pléiade d'autres acteurs participe au projet ambitieux de Bachir Derraïs, citons entre autres le héros de Morituri, Abbas Zahmani, qui incarne le commissaire Llob. À ce casting se joint également le comédien et réalisateur Khaled Benaïssa, Hassan Kachach qui s'est illustré dans le rôle de Ben Boulaïd, d'Ahmed Rachedi, la comédienne Nadia Kaci, le grand Sid-Ahmed Agoumi et l'excellent Sid Ali Kouiret. De son côté, le producteur et réalisateur des aventures du Commissaire Llob s'est réjoui que la télévision algérienne ait accepté son projet. “C'est un signe d'espoir et un début d'ouverture”, a-t-il précisé. Quant au risque de censure, Bachir Derraïs a estimé : “Si jamais c'était le cas, on ne se laissera pas faire. Nous sommes déterminés, on ne laissera pas des bureaucrates couper ce que l'on fait depuis cinq mois, il en est hors de question.” D'autre part, le réalisateur a déploré la gestion de l'EPTV, la jugeant dominée par “une idéologie arabo-islamo-conservatrice, qui fait trop de concessions”. M. Derraïs a souhaité, en définitive, “la création de chaînes privées en Algérie”, tout en regrettant la complicité et le silence de certains producteurs et cinéastes. Pour en revenir aux aventures du Commissaire Llob, Bachir Derraïs a déclaré que c'est un “Morituri actualisé”, donc inspiré du film censuré d'Okacha Touita et produit par les “Films de la source”, société de production de Bachir Derraïs. Par ailleurs, l'équipe qui travaille sur ce film — qui sera prêt au printemps prochain — est franco-algérienne car, toujours selon notre interlocuteur, “l'Algérie ne forme pas de techniciens”. Quant à la série, elle sera diffusée à la télévision algérienne, au mois de mars prochain.