Il n'aura pas fallu attendre longtemps pour assister au premier mouvement de protestation dans les lycées d'Oran pour cette rentrée 2009/2010, alors que les syndicats autonomes se préparent pour agir à partir de ce 5 octobre. Les années passent et le ministre Benbouzid arrive encore et toujours à faire l'unanimité contre lui comme l'ont déclaré les enseignants du lycée Mustapha-Heddam qui ont observé 4 jours de grève cette semaine. “C'est parce que nous avons le souci de nous conformer aux normes pédagogiques dans le dispositif de la carte scolaire, de l'emploi du temps, de l'aménagement du rythme scolaire… que nous avons décidé à l'unanimité de faire grève et de demander la mise en place d'une commission ad hoc pour examiner la situation”, nous avait expliqué le représentant des enseignants et du Snapest de cet établissement du quartier les Castors. Si pour l'heure, c'est ce seul établissement qui a eu recours à un mouvement de protestation pour dénoncer la “catastrophe programmée” cette année qui est le “résultat de l'incompétence de la tutelle”, nous dira une enseignante, la situation gronde sévèrement ailleurs et dans tous les paliers, y compris chez les parents d'élèves. Dans un document remis à la presse, les grévistes expliquent que le “projet pédagogique est menacé par les dysfonctionnements…” et de citer : réduction du personnel enseignant avec suppression de postes, une charge hebdomadaire insoutenable aussi bien pour les élèves que les enseignants, surcharge des classes qui dépassent les 40 élèves, carte scolaire mal conçue, aménagement du nouveau rythme scolaire anti-pédagogique, etc. La revendication d'une commission ad hoc avec la direction de l'éducation pour trouver des solutions adéquates n'aura pas fait long feu puisque, selon le représentant du Snapest, le dialogue social avec l'administration n'a duré que le temps de quelques mots : “Votre grève est illégale !” Et de poursuivre : “Ce n'est pas nous qui prenons l'élève en otage, nous réagissons à la réalité de l'école algérienne !” Les enseignants qui appréhendent énormément cette année, notamment pour les classes d'examen, en appellent aussi aux parents d'élèves qui font déjà, individuellement, un constat catastrophique comme nous l'ont confié plusieurs d'entre eux : “On ne comprend rien, on ne sait pas où veut en venir le ministre, alors pour nos enfants, c'est pire … Il y a à peine un peu plus de deux semaines de cours et déjà ma fille est lassée par leur rythme à cause du changement hebdomadaire !” Un père de surenchérir : “Quand j'entends le ministre qui nous prend la tête avec ses histoires de couleurs de tabliers bleu clair, bleu foncé, j'ai envie de hurler alors que dans les classes les élèves sont à 50, ils n'ont pas tous les livres, leur emploi du temps fait peur tellement ils ont des cours. On avait parlé d'allègement des programmes mais les enseignants nous ont dit qu'il n'y avait eu aucun allégement ! Mais que cherchent-ils à faire de nos enfants au gouvernement ?” Et un autre de lâcher au passage : “Benbouzid, où sont tes enfants, toi ?”