Les Etats-Unis tentent de conduire le gouvernement installé après le coup d'Etat et Manuel Zelaya à négocier pour sortir le Honduras de l'impasse. Cette crise constitue un premier challenge important pour Barack Obama sur le sous-continent américain, où il s'est engagé à être davantage impliqué que son prédécesseur George Bush, dont les relations avec les gouvernements de gauche de la région étaient souvent houleuses. De fait, le Honduras est un vrai casse-tête pour Obama et la crise dure depuis le 28 juin, date de l'arrestation du président Manuel Zelaya et de son expulsion au Costa Rica. Elle a rebondi avec son retour clandestin pour trouver refuge à l'ambassade du Brésil d'où il n'arrête pas d'appeler ses partisans à marcher dans la capitale. La diplomatie américaine est tombée dans un piège en pensant que cette affaire était simple. Obama voulait montrer que les Etats-Unis avaient changé et qu'il ne cautionnait pas un coup d'Etat militaire comme son prédécesseur l'avait fait lors du putsch contre Chavez en 2002. Il se trouve que Zelaya avait aligné son pays sur le Venezuela de Chavez et qu'il s'était lui-même livré à un coup d'Etat constitutionnel en préparant un référendum pour obtenir le droit à se représenter à un second mandat. C'est pour cela que l'armée l'a expulsé. Les autres pays latino-américains et l'OEA (Organisation des Etats américains) ont suivi les Etats-Unis en prenant fait et cause pour Zelaya, pour ne pas être accusés de cautionner un coup d'Etat militaire. À Washington, Obama est critiqué pour son soutien à Zelaya, les républicains au Sénat bloquent la confirmation du diplomate qui doit être chargé de l'Amérique latine au département d'Etat, Arturo Valenzuela. Résultat : la diplomatie des Etats-Unis en Amérique latine est paralysée. Obama a confié au président du Costa Rica, Oscar Arias une mission de médiation, proposant que Zelaya soit réinstallé au pouvoir avec une autorité réduite et que des élections aient lieu d'ici la fin de l'année. Mais l'OEA est indésirable aux Honduras où le pouvoir de facto de Roberto Micheletti, soutenu par les militaires et les secteurs conservateurs, joue la montre : le mandat de Zelaya se termine en novembre. La Maison-Blanche est sommé de prendre position. Mais Micheletti et Zelaya campent pour l'heure sur leurs positions. Le premier entend traduire le chef d'Etat déposé devant la justice pour trahison. Zelaya souhaitait faire amender la Constitution, illégalement selon ses détracteurs, pour supprimer la limitation des mandats présidentiels. Réfugié à l'ambassade du Brésil, l'ex-président n'entend pas renoncer à la présidence et son successeur est pressé par nombre d'interlocuteurs de trouver un accord de sortie de crise et de lever le décret qu'il a pris pour suspendre les libertés civiles et empêcher ainsi les manifestations de soutien à son rival, tergiverse. Obama ne peut pas donner un coup de pied dans la fourmilière car jamais l'armée des Honduras n'auraient pris la responsabilité de chasser leur président sans l'aval du Pentagone. Zelaya s'était rapproché de l'ennemi numéro un des Etats-Unis, le bouillonnant Hugo Chavez, devenu son exemple, et, cerise sur le gâteau, l'ex-président a remis en cause la présence militaire américaine dans son pays, exigeant son retrait des Honduras. Washington a dû se rabattre sur la Colombie.