Résumé : Kamel se rend dans la chambre de Chahira. Cette dernière fait mine de ne pas l'avoir reconnu au début, mais finit par craquer. Elle sanglote à fondre l'âme avant d'appeler Kamel par son nom. Ce dernier est vraiment surpris par la situation de la jeune femme… 43eme partie Elle pousse un long soupir. - Tu sauras tout Kamel. Je vais tout te raconter. Mon histoire est longue et malheureuse, et si jamais c'était à refaire, je préférerais plutôt mourir. - Tu étais partie sous d'autres cieux, non ? - Oui. Je m'étais mariée avec cet homme que tu avais vu avec moi à la fac… - Ton cousin ? - Ah ! Ah ! Ah ! Il n'était ni un cousin ni un parent. C'était un fanfaron qui m'avait aveuglé par ses promesses. Ma famille était contre ce mariage, mais moi J'y tenais parce que je voulais changer. Devenir quelqu'un d'autre et frimer devant les filles de mon âge. Je voulais habiter sous d'autres cieux et revenir à chaque occasion pour me vanter de ma réussite devant la famille et le voisinage. Ah la jeunesse et son inconscience ! - Que s'est-il passé ensuite ? - Que s'est-il passé ? Eh bien, cet homme s'est avéré un véritable chasseur de femmes. C'est quelqu'un qui promettait le mariage ou se mariait carrément avec une femme pour la faire ensuite travailler dans des établissements privés. Tant pis pour la République ! - Quoi ? Il t'a épousée pour te faire prostituer ! - Que crois-tu ? J'étais une proie facile. J'étais folle amoureuse de lui. Ou plutôt j'étais naïve au point de croire à ses promesses. Il semblait bien élevé et faisait tout pour plaire à ma famille. Ce n'est qu'une fois partie ailleurs que j'ai découvert le vrai visage de cet homme. J'ai même rencontré plein de femmes qui, comme moi, sont tombées dans son piège. - Mais pourquoi es-tu restée ? Pourquoi n'es-tu par rentrée tout de suite chez toi ? - Hum… Kamel, tu es bien naïf. Cet homme avant tout avait confisqué mes papiers. - Mais tu pouvais tout de même déposer plainte contre lui, te rendre à notre ambassade et poser ton problème… - Tu oublies mon cher que j'étais sa femme légitime. Mais même si ce n'était pas le cas, cet homme me surveillait de près. Je n'avais ni le droit de sortir seule ni celui d'appeler mes parents sans sa présence. Et puis, comme c'est quelqu'un qui connaissait des gens haut placés à qui il procurait de très jeunes et très belles femmes, il n'avait peur de rien. - À ce point tu étais malheureuse ? - Et bien plus. Monsieur me battait à chaque fois que je refusais de sortir avec un client “particulier”. J'ai perdu la moitié de mes dents et j'ai une mâchoire cassée sur deux longueurs. Il fallait passer sur le billard deux ou trois fois pour me réparer ça, alors que mes dents tombaient l'une après l ‘autre. Tu vois bien qu'il ne me reste presque plus rien dans la bouche, à part ces chicots que tu vois et qui ne sont plus que des pivots pourris. J'ai mis des jaquettes sur les dents de devant, mais cela ne m'empêche pas d'avoir une bouche complètement gâtée. - Et après ? - Et après quoi ? - Comment as-tu fait pour rentrer, pour quitter cet homme ? Chahira garde le silence un moment, puis regarde l'heure. - Tu m'excuseras Kamel, mais je crois qu'il est temps pour moi de m'habiller et de me remaquiller. Je dois descendre dans un quart d'heure. - Tu ne descendras pas ! - Comment ? - Tu ne descendras pas… Y. H. (À suivre)