Rebondissement dans l'affaire des fausses décisions d'attribution de chalets. Le juge d'instruction près le tribunal de Boumerdès a écroué, avant-hier, tard dans la soirée, huit personnes alors que deux autres, le vice-président de l'APC de Boumerdès et un chef de service de l'APC, ont été mis sous contrôle judiciaire. Parmi les personnes placées sous mandat de dépôt et incarcérées, hier matin, au centre de détention de Tidjellabine, figure le fonctionnaire de l'APC à l'origine de la confection et la commercialisation des fausses décisions d'attribution de chalets ainsi que “ses clients” au nombre de huit, accusés de “de non-dénonciation de malfaiteurs, de complicité et de corruption”. La plupart de ces pères de famille auraient déclaré, avant-hier, aux gendarmes et au juge qu'ils ignoraient que les documents étaient des faux. D'autres auraient carrément rejeté les accusations en niant avoir acheté ces documents. Ces fausses décisions, qui portaient des cachets et des signatures scannés du P/APC, étaient cédées à des prix variant entre 10 et 40 millions de centimes. Selon nos informations, les faux documents étaient scannés. Un autre vice-président a été longuement entendu par le juge lors de cette audition qui a duré plus de 20 heures et n'a pris fin qu'hier à 1h du matin. Lors de cette audition, le juge découvre un autre chef de service de l'APC, qui aurait légalisé une fausse carte grise d'un véhicule de marque Toyota et sera placé sous contrôle judiciaire. Le P/APC et un autre élu ont été également entendus par le juge. Pour rappel, cette affaire a éclaté lorsqu'un des candidats acquéreurs d'un chalet, résidant à Aïn Taya, a fini par se lasser des promesses non tenues du principal accusé à qui il aurait remis une forte somme d'argent et qu'il décida de dénoncer aux gendarmes. Cette affaire n'est pas encore close et l'enquête risque de prendre d'autres proportions compte tenu de l'ampleur de ce trafic de chalets qui, à vrai dire, n'a jamais été pris réellement en charge. De nombreuses affaires liées à l'attribution illégale de chalets n'ont pas encore abouti et des familles, qui ont été chassées par la force, de leurs chalets, attendent que les responsables de leurs déboires soient sanctionnés. L'administration s'est montrée hésitante et aucune enquête sérieuse n'a été menée sur ce trafic qui a permis à de nombreux affairistes de s'enrichir sur le dos des sinistrés. Bien plus, des chalets ont été utilisés par les groupes terroristes du GSPC pour en faire des abris et des casemates. L'on se rappelle que les attentats du 11 décembre ont été planifiés dans un chalet de Sghirat à Boumerdès par un architecte. En 2008, un père de famille est mort poignardé à cause d'une fausse décision d'attribution de chalet. Par ailleurs, plus de 571 chalets seraient actuellement inoccupés sur les 2 361 répartis sur les 13 sites de la commune de Boumerdès. Des dizaines sont loués et d'autres ont été cédés. Mais de nombreux occupants ne disposent d'aucun document. Récemment, M. Boukrit, président de l'Association de promotion et d'intégration des sites de chalets de la wilaya de Boumerdès, a évoqué le cas de nombreux chalets pour sinistrés occupés par des entrepreneurs, des cadres de l'Etat et même des mineurs, d'autres chalets sont habités par des… chiens alors que d'autres sont loués à 7 millions par mois durant les vacances d'été. Le président de cette association a également affirmé que plus de 527 chalets sont occupés par de faux sinistrés venus d'autres wilayas. M. T.