Le Salon de l'automobile, le 13e du genre, s'est tenu dans 157des circonstances particulières : à la lumière de la crise mondiale et celle algérienne liée à la suppression des crédits à la consommation. De manière plus particulière, il intervient avec des éléments nouveaux sur la scène, le fort désir des autorités algériennes de dépasser la formule des importations tous azimuts, et de tenter une percée de l'économie dans quelques créneaux de l'assemblage et du montage automobile. Dès le début de ce salon, on avait nettement l'impression qu'on en parlait déjà au passé, avec des interrogations pour les mois à venir, car les évènements se sont bousculés ces dernières semaines, y compris aux derniers jours du salon. Tous les participants habituels du salon se plaisent à répéter le nombre d'années où ils y ont participé et continuent d'y maintenir leur présence. Trop tôt pour se prononcer d'autant que la suppression des crédits à la consommation est intervenue au moment où tout était presque fin prêt pour la présence des uns et des autres au salon. Baisse des ventes donc, pour la plupart, au 3e trimestre que l'on met sur le compte d'un effet de surprise chez les candidats à l‘achat d'un véhicule. Jusqu'ici, c'est apparemment chez ces derniers que la mesure gouvernementale a fait le plus mal. Apparemment, les concessionnaires et constructeurs présents au salon ne se plaignent pas : chez Elsecom Suzuki, on reste discret sur la baisse de ventes consécutive à la suppression des crédits à la consommation, en rappelant que, de toute façon, cette formule de vente chez Suzuki concerne la moitié de leurs ventes en Algérie, en insistant sur “l'agréable surprise” qu'on aurait ressentie face à l'engouement et aux ventes réalisées au salon. Quant aux concessionnaires et constructeurs étrangers, ce n'est pas encore l'heure de faire les comptes ou de gémir : il faudrait attendre quelques mois d'activité pour se faire une idée plus précise de la situation née de la décision gouvernementale, faire les comptes et prendre les décisions pour réorienter les activités et les produits offerts. Presque tous les concessionnaires insistent sur le fait que leur présence en Algérie est pour eux une donnée stratégique, que le marché algérien est porteur et que la suppression du crédit automobile est une mesure qu'ils respectent, même si elle pourrait les contraindre à des mesures “tactiques”, autrement dit ne remettant pas en cause le fond de leur stratégie… ni leur présence. D'ores et déjà, cependant, aux shows de présentation des modèles, il y avait une grande insistance sur les modèles de gamme moyenne ou supérieure. Cela se comprend, malgré la suppression des crédits à la consommation qui concernaient 70% des achats de véhicules de petite cylindrée, il reste quand même 30%, en nombre d'acquisition, pour les véhicules de qualité supérieure, soit davantage en termes de chiffres d'affaires : il s'agit juste d'un problème de recentrage des activités ou des créneaux de revenus à explorer avec de plus grandes possibilités de réussite. Il y a également les véhicules utilitaires lourds et de transport en commun dont le financement à l'achat ne fait pas partie de la catégorie des crédits à la consommation. Pour les semaines ou mois à venir, il faudrait s'attendre à du nouveau : Alger n'a jamais caché son souhait de voir des unités d'assemblage et de montage automobile avec tout ce que cela induit comme sous-traitance. En plein salon, deux autres éléments liés à l'automobile, apparemment hors salon mais au timing soigneusement choisi, sont intervenus coup sur coup : il s'agit des déclarations gouvernementales sur une orientation plus affirmée vers l'installation d'unités d'assemblage, de la déclaration de l'ambassadeur de France qui envisage la question de manière favorable, ainsi que du plan de sauvetage de la SNVI, ce qui réduit d'autant les espoirs des constructeurs étrangers dans ce créneau en Algérie Parant au plus pressé devant les résultats alarmants du commerce extérieur au 1er semestre 2006, avec 10 milliards de dollars en importations de véhicules, les autorités marquent davantage leur déception devant le peu d'enthousiasme de l'investissement direct étranger et devraient se montrer plutôt intéressées par une intervention plus affirmée des constructeurs automobile en ce sens. Dans la course aux renseignements entre constructeurs et autorités, beaucoup de réunions, bilatérales, se tiennent. Du montage en Algérie ? De l'assemblage ? “Chez nous, rien n'est encore prévu en ce sens”, affirme-t-on chez Peugeot. Chez Fiat, avec une présence artistiquement soignée mais symbolique, on ne rate pas une seule occasion d'aller aux renseignements avec une présence dans les shows et conférences de presse organisées par les concurrents au cours de ce salon décidément pas comme les autres. M. H.