La hausse des prix des produits agricoles revient encore une fois dans nos assiettes. Particulièrement la pomme de terre qui ne veut plus descendre des hauteurs. Explications du ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, hier en marge de la rencontre sur l'évaluation des contrats de performance et de la mise en œuvre du programme du renouveau agricole : on n'est pas encore arrivé à un système de régularité de la production. Le ministre reconnaît que la production globale, chiffres des résultats des contrats de performance à l'appui, a augmenté sensiblement, mais la récolte de l'été n'a pas eu lieu en raison de l'accident climatique du printemps. Celle de cette saison n'est pas encore arrivée. Toutefois, il a été procédé au déstockage de la pomme de terre. Ce qui a quelque peu maintenu les prix à des seuils “tolérables”. Cela dit, a souligné le ministre, il y a un réel problème dans le circuit de distribution et d'approvisionnement. “La question de la hausse des prix restera posée tant que le système de régulation n'est pas en place”, a-t-il tranché, tout en précisant que “l'Etat essaye de limiter les grandes spéculations”. Le système se met en place doucement, mais le ministre demande l'implication de tous les intervenants dans le circuit afin de l'asseoir. Au sujet de la demande des agriculteurs assimilés pour être intégrés dans le dispositif d'effacement des dettes, M. Benaïssa a précisé que leur cas est différent de celui des agriculteurs étant donné qu'ils ont pris des crédits auprès de la banque Essalem, qu'il a évoqué la question et s'est proposé de les accompagner en les intégrant par exemple dans le programme du renouveau. C'est presque la même réponse au problème de la tomate industrielle. Il a proposé aux opérateurs de cette activité de la restructurer depuis le début afin de bénéficier du soutien de l'Etat. La priorité va, cependant, à l'axe principal de la relance du secteur qui est la production des semences. La maîtrise de la production des semences est stratégique, a indiqué le ministre qui rappelle que l'Etat offre des avantages sur dix ans pour les producteurs de semences et de plants. Le bilan chiffré de l'exercice 2009 (année agricole) montre une croissance, particulièrement les 10 principaux produits, hormis la tomate industrielle et les viandes blanches. Globalement, les contrats de performance ont été remplis. À titre d'exemple, la production de céréales a atteint 61 227 000 quintaux sur l'engagement contractuel, portant sur un objectif de 38 066 590 quintaux, soit une hausse de 61%. Une hausse de 260% par rapport à la production de l'année précédente. Mais le ministre entend aller au-delà de ces chiffres pour ramener “les agriculteurs, éleveurs et industriels à réfléchir à l'avenir”. “J'ai senti un mouvement, un frémissement, une volonté de leur part et nous avons une volonté d'accompagner ce mouvement”, dit M. Benaïssa. Satisfait est le ministre, surtout “dans le changement des comportements constaté chez les intervenants”. Toutefois, a-t-il précisé, il reste du chemin à faire. Objectif, la sécurité alimentaire. Le constat est qu'il est possible de faire évoluer les filières comme c'est le cas des céréales. Mais il reste encore du retard sur les prévisions des objectifs pour la campagne dont il ne reste que trois mois. Sur les 2 000 projets identifiés, inscrits, 900 ont été concrétisés. Et le ministre d'insister sur la perspective de 12 000 projets réalisés à l'horizon 2014. Les projets portent sur la préservation des ressources, l'environnement, l'élevage, la réhabilitation des villages et ksour… a indiqué dans sa communication M. Titah, DG des forêts. De son côté, M. Abdelghafour (Dsasi) a souligné que les orientations et les objectifs sont dictés par le souci de la sécurité alimentaire. Sécurité inscrite au cœur de la politique du renouveau agricole. M. Henni insistera sur la valorisation de la filière lait à travers l'intensification de la production nationale et le renforcement de la chaîne de production. Les capacités des 108 laiteries (93 privées et 15 relevant de Giplait) sont de 2,5 milliards de litres/an. Des mesures incitatives sont prévues pour les (éleveurs, collecteurs et transformateurs) accompagner et garantir en même temps le principe de traçabilité. L'importation de lait en poudre a connu une baisse de 40 000 tonnes entre 2000 et 2009. L'Algérien consomme en moyenne 30 litres de lait par an. Il s'agit maintenant d'établir des connexions entre ces intervenants, d'impulser à cette filière stratégique une plus grande croissance. Par ailleurs, le professeur Chehat a évoqué, à son tour, le programme d'action du comité de coordination de la recherche. La globalisation et le changement climatique auront des effets directs sur l'offre mondiale de produits agricoles parallèlement à la demande. D'où son triptyque : produire plus, autrement et autre chose. Depuis son installation, le comité, a affirmé le professeur, a adopté pour son fonctionnement une stratégie basée sur la concertation, la coordination et la mutualisation des moyens humains et matériels. Il est question enfin, dans le cadre du programme du renouveau, de revenir, mais sous d'autres formes, au système de coopératives agricoles. L'Etat en a pris l'initiative, mais ce sera aux intervenants dans les différentes filières, les professionnels d'en prendre le relais.