Invitée hier au Centre d'études stratégiques du quotidien Echaâb, la politologue américaine, la professeure Deborah Harrold, s'est longuement penchée sur l'économie parallèle en Algérie. Un sujet qu'elle connaît bien puisque c'était le sujet de sa thèse de doctorat soutenue en 1996. Dans cette conférence organisée par le Centre d'études maghrébines en Algérie (Cema) et le Centre Echaâb des études stratégiques, la “représentante” de Bryn Mawr College (sur Wikipedia, il est décrit comme “un collège d'arts libéraux très sélectif réservé aux femmes”), a essayé tant bien que mal de montrer que l'économie parallèle n'a pas que de “mauvais” effets. Tout en précisant qu'“elle a toujours existé”. La professeure Harrold l'a décrite comme “la mauvaise conscience de l'économie formelle”. Si son intervention était caractérisée par son aspect (comme l'a précisé le professeur Berkouk, président du Centre d'études stratégiques) “académique”, ses réponses aux questions des présents étaient plus “fluides”. Ainsi, son regard d'Américaine lui a fait remarquer que “le marché informel de la devise ne se fait pas dans la clandestinité ni dans la nuit, mais en plein jour et sur les places publiques”, avant de se poser une question à laquelle elle admet ne pas avoir de réponse : “C'est très frappant pour moi, et là je n'ai pas compris la logique de l'Etat dans cette situation !” Allant plus loin dans la “justification” de l'existence même de l'économie parallèle, elle a lancé plusieurs affirmations “que j'assume”, dira-t-elle. Pêle-mêle elle dira (à propos de l'économie parallèle) qu'“elle contribue plus qu'elle ne menace”, que “c'est un bon modèle pour une partie de l'économie” ou encore que “l'informel est nécessaire pour la création d'emplois”. Voulant donner des exemples, elle citera celui de l'ex-Zaïre : “C'est un pays pauvre (aurait-elle oublié que c'est l'un des principaux producteurs mondiaux de diamants ? ndlr), et c'est grâce à la contrebande que les gens vivent”. Toutefois, la professeure a répété à plusieurs reprises de ne pas faire d'amalgame entre les trafics de la maffia et des armes avec celui auquel elle donne sa “caution”. Appuyant ses points de vue, Mme Harrold a soutenu que la prolifération du marché parallèle était proportionnelle au degré de dirigisme de l'Etat : “Le système très hiérarchisé est peut-être une partie du problème.” Plus globalement, elle n'hésitera pas à “toucher” à l'économie mondiale en s'attaquant à ses dysfonctionnements actuels. “Nous sommes devant une crise de modèles”, déclara-t-elle. Elle affirma : “Comme disait Marx, dans la crise, les grands deviennent de plus en plus grands.” Avant d'ajouter juste après avec un grand sourire : “Avec ce qui se passe, on ne peut que devenir marxiste.” Un autre aspect a été aussi abordé lors de cette conférence. Il s'agissait du concept d'Etat rentier. Si l'Américaine ne s'est pas trop prononcée, par contre un des présents n'a pas raté l'occasion pour essayer de “disculper” l'Algérie. Il s'agit tout simplement de l'un des symboles du système, Abderrahmane Belayat. Selon lui, la meilleure preuve que l'Etat algérien n'est pas rentier, donc ne dépendant pas totalement de ses ressources en hydrocarbures, c'est le grand développement du secteur… pétrolier.