Akim El Sikameya est un artiste accompli, qui cartonne dans le monde entier, mais malheureusement pas encore en Algérie. Sa musique est définie et classée comme appartenant à la catégorie de “musique du monde”. Un terme qui semble au premier abord “barbare”, mais il faut s'en contenter pour l'instant, car sa musique est la somme de plusieurs mélanges. C'est une musique méditerranéenne, qui puise son inspiration de plusieurs styles, notamment l'andalou car l'artiste a fait ses premières classes, dès l'âge de 8 ans, dans une école d'andalou à Tlemcen, puis à Oran. Anticonformiste, Akim El Sikameya – le nom est un assemblage entre deux touches de la musique andalouse : “sika” et “meya”, et le prénom amputé du “h” pour faciliter la prononciation – joue du violon debout. Mais son plus grand atout c'est sa voix. Aigue et paradoxalement mélancolique, les notes survolent ses cordes vocales pour atteindre sans le moindre détour, les cœurs de son auditoire. Son premier album Atifa, sorti en 1999, a attiré l'attention sur lui et sur son talent. Atifa est comme une sorte de mémoire de fin d'études puisque Akim y met tout ce qu'il a appris. Il ne s'éclate pas encore ! En 2004, Akim El Sikameya sort son deuxième album, Aïni Amal. Là, c'est la métamorphose, mais l'artiste ne trouve pas encore son style. Pour cela, il faut attendre jusqu'en 2009, avec le très joli opus, Un chouia d'amour. Dans ce dernier, Akim met de la couleur, de la chaleur, et compose son héritage andalou, avec ses expériences multiples de la scène ainsi que ses voyages multiples. Akim El Sikameya prend part à plusieurs festivals et sillonne le monde pour apporter un petit chouia d'amour et de nuances, mais il reste jusqu'à ce jour pas très connu en Algérie, puisqu'il ne s'y est jamais produit. Contacté et questionné à propos de son style musical qui est intimement lié à l'exil, il nous a expliqué : “Mon style est né de l'exil dans la mesure où je puise mon inspiration et trouve souvent ma créativité dans la douleur de l'exil. Je compose moins dans l'allégresse où je suis plus enclin à faire la fête. En plus de ma disposition à composer, l'exil m'a permis d'exercer mon art dans un cadre privilégié, de haut niveau technologique m'assurant les moyens adéquats à une production de qualité, du son notamment. L'exil m'a également offert le privilège d'évoluer au contact de musiciens issus d'horizons divers et venus de tous les coins la planète, et de réalisateurs célèbres, parmi eux Philippe Eidel, réalisateur de mon dernier album et de celui de Khaled également. Sur le plan carrière, j'ai pu suivre ma vocation d'artiste en France jusqu'à en faire mon métier sans rencontrer de contraintes majeures compte tenu de l'existence de réglementation précise du statut d'artiste et du contexte artistique en général, ce qui contribue à booster la créativité de l'artiste de façon considérable.” Et d'ajouter : “Il me tient à cœur de préciser que mon ouverture d'esprit ne saurait être liée à l'exil ; elle provient de mon adoption de la philosophie arabo-andalouse avec sa tolérance et sa curiosité acquise par ma formation de 16 années en école arabo-andalouse traditionnelle.” Outre les concerts et la tournée qu'il rêve de faire en Algérie, l'artiste a également évoqué ses projets pour l'Algérie. En fait, “mon projet, à moyen terme, serait de réhabiliter une vieille bâtisse et d'en faire un lieu de vie culturelle où je ferais découvrir des créations nouvelles sous toute forme d'expression artistique. Des artistes de renom viendraient y établir résidence pour présenter leur travail sous forme de concerts. Ce serait sera un lieu convivial, artistique, urbain vivant au même rythme que la ville avec une vision mondiale et globale”. Les ambitions sont grandes et les rêves le sont davantage. Pour l'heure, il faudrait que cet artiste puisse montrer tout son savoir-faire et son talent au public algérien. À bon entendeur !