Puisée dans les pratiques les plus ancestrales, l'utilisation de la plante pour des motifs curatifs représente en Kabylie une méthode de médication utilisée jusque de nos jours. Cela reste loin des potions “magiques” vendues dans les souks hebdomadaires, allant jusqu'à donner une forme de remède qui fait guérir des maladies chroniques-comme le diabète-dont la science à encore du mal à trouver une combinaison pouvant les soigner. “Des hommes aux doigts de fées” qui vendent de tout, comme par exemple des os d'animaux, des lézards, des crapauds, des caméléons…, sans considération sur ce que cela peut causer comme nuisance à la santé des éventuels consommateurs. Pourtant, ces marchands de “santé” écument nos marchés, avec leur haut parleur pour attirer les gens afin de les solliciter pour trouver la guérison. En marge de ces pratiques contestables, en Kabylie, les plantes sont traditionnellement utilisées, encore de nos jours, pour soigner certains troubles de la santé, des herbes que l'on trouve dans nos montagnes et dont les bienfaits ne sont plus à démontrer ; leur nom, leur effet curatif et le mode d'utilisation sont transmis de bouche à oreille depuis des générations. Selon les vieilles mémoires, l'on retrouve par exemple la “djâda” (germandrée), cette plante sauvage pousse sur les hauteurs, elle est utilisée dans le traitement des maux d'estomac et les diarrhées. Elle est consommée sous forme de tisane. Cette médication est à consommer sans sucre de préférence en dépit de son goût amer. Mejjir (la guimauve), est utilisée généralement dans le traitement des oreillons. Elle est directement appliquée sur la peau après avoir été moulue. Elle pousse au printemps, près des ruisseaux. Il y a également l'amagramane (l'auné). Cette herbe est recommandée dans les soins des plaies, des blessures ouvertes, et également contre les maux de tête. Pilée, elle est appliquée à l'endroit du mal, qu'elle désinfecte et soulage à la fois. L'on retrouve aussi timerzouga (la chicorée amère), bien connue des anciens: on lui attribue de nombreuses propriétés thérapeutiques, comme la régulation de l'appareil gastro-intestinal. Certains fruits, comme le cognassier commun, appelé takthounia, sont également utilisés dans les troubles gastriques et les diarrhées. Le laurier noble qui agrémente généralement nos plats de cuisine, a une propriété médicinale indéniable comme bain de bouche, contre l'angine, par exemple. À cela s'ajoutent plusieurs plantes et autres herbes connues, comme nânaâ, la menthe (utilisée contre la toux, les maux de tête), azekdhouf, l'ortie, (utilisé autrefois contre la rougeole), qlilou, petite centaurée, utilisée contre la dysenterie et les hémorroïdes. Tout un savoir-faire ancestral et des pratiques traditionnelles puisées dans la nature et transmises comme les fables et les proverbes. “Tout est dans la nature, mon fils. La médecine c'est bien, elle nous facilite les choses, on est mieux pris en charge, toutefois il ne faut pas oublier ce que dame nature nous donne”, nous dira Da Makhlouf, selon lequel, “autrefois, tous les produits de médication provenaient de nos champs, on récoltait et consommait ce que l'on semait : orge, figue, huile d'olive…, loin de tous ces produits chimiques qui empoisonnent notre vie”. “Un bol de lait avec du pain d'orge et des figues sèches ou fraîches, c'est un régal et ça donne la santé !”, se souvient encore Da Makhlouf, avec nostalgie, de l'époque où l'on mangeait bio tout en préservant sa santé.