Résumé : À sa sortie de prison, Chahira est expulsée. Elle rentre au pays avec des papiers provisoires. Elle se met à errer dans les rues et se retrouve sans le savoir dans un jardin qui sert de lieu de rendez-vous nocturnes. 51eme partie Peut-être est-ce mon air craintif qui me faisait sortir du lot… Il est vrai qu'ailleurs je faisais ce métier. Mais c'était plutôt dans des boîtes de luxe, où on devait porter des tenues taillées sur mesure et être coiffées et maquillées comme des poupées. Mais dans ce jardin, seules quelques femmes avaient les lèvres colorées et les cheveux teints et retenues. D'autres n'avait presque rien sur leur corps qu'une djellaba et un foulard sur la tête. Celles-là étaient les plus malheureuses. La plupart d'entre elles étaient vieilles, mais tentaient de vendre encore du charme pour nourrir leur famille. Tu ne peux pas savoir à quel point elles m'avaient fait de la peine à moi qui déjà faisais peine à voir. L'une d'elles vint s'asseoir à côté de moi et prenant sa tête entre ses mains, elle se mit à pleurer. Je la regardais un moment, comprenant sa peine. Elle n'était plus toute jeune, et les hommes rodaient plutôt vers celles qui sont encore potables. Mon cœur ne résista pas au spectacle de cette femme effondrée. Je m'approchais d'elle et lui tendit les quelques pièces de monnaie qui me restaient. Elle relève sa tête et me regarde avec des yeux étonnés. - Tu devrais rentrer chez toi, lui dis-je… Il n'y a rien d'intéressant pour ce soir. Mais avec ces quelques pièces tu pourras t'acheter du pain et un sachet de lait pour tes enfants. Elle se lève et m'embrasse. Puis prenant l'argent, elle s'éloigne en traînant le pas, le fardeau de toute la misère du monde sur le dos. Je demeurais un moment interdite. Ah ! comme la vie est cruelle avec certains, alors que les autres se la coulent douce. Un homme s'approche de moi. Il me toise un moment puis remarquant que je n'étais ni maquillée, ni habillée comme les autres, il me propose : - Veux-tu travailler pour moi ? Le mot travail résonne un moment à mes oreilles. Je lui jette un coup d'œil et remarque ses dents en or et le gros cigare qu'il avait entre les doigts. Cet homme doit être le patron d'une boîte. Il est là sûrement pour récolter du gibier bon marché pour son établissement. Dans l'état où j'étais, et n'ayant ni gîte ni couvert, ni personne vers qui me tourner, je regardais l'homme en silence un moment avant de lancer : - Quel genre de travail…. ? - Ah ! madame me demande quel genre de travail je lui propose, me dit-il ironiquement. Mais ma foi, vous ne croyez tout de même pas que je vais vous donner un travail que vous ne saurez pas maîtriser. - Pourquoi donc. Je sais lire, écrire, j'ai un diplôme universitaire et je sais faire le ménage et la cuisine. - Aussi jeune et jolie que vous êtes, vous serez mieux dans les salons. Je ne vois pas d'autres initiatives… - Bien, dis-je. Vous avez donc un salon ? - J'en ai plusieurs. Mais je vous emmènerais d'abord sur la côte. Il est mieux situé et vous serez plus à l'aise avec de bons clients. Bien sûr, vous serez prise en charge au début, mais après il faudra vous débrouiller. - Je serais bien payée… ? - Tout dépendra de votre rendement. Si vous vous conduisez bien, il n'y aura aucun problème. Nous irons jusqu'à signer un contrat d'engagement. - Un contrat ? - Oui, vous signerez un contrat d'engagement avec l'établissement, comme ça vous serez assurée et engagée en bonne et due forme. Je n'ai pas envie d'avoir des problèmes avec la loi. Y. H. (À suivre)