Cautions bancaires, taxes douanières, visas, permis de travail et autres tracasseries relevant de la bureaucratie ont été abordés. La Turquie œuvre dans le sens de développer “davantage” sa coopération économique avec l'Algérie, a affirmé avant-hier à Alger le ministre d'Etat turc chargé du Commerce extérieur, M. Zafer Caglayan à l'ouverture, à l'hôtel Sheraton, d'une rencontre économique (délégation commerciale) de deux jours, qui est loin d'être un simple rendez-vous protocolaire. Accompagné de pas moins de 150 hommes d'affaires turcs en plus de deux représentants du Parlement et autres représentants d'organisations patronales de Turquie, ce responsable, rompu aux affaires pour avoir été lui-même un homme d'affaires pendant 27 ans, a donné le ton en tenant un discours sans ambiguïté sur ce que souhaite la Turquie et réclamé carrément un accord de libre-échange à conclure au plus vite. Un point qui semble tenir à cœur les Turcs ; et comment peut-il en être autrement puisque cet aspect précis les prive d'un atout décisif en termes de compétitivité, notamment lorsqu'il s'agit de soumissionner à des appels d'offres ? “Pourquoi nous ne sommes pas logés à la même enseigne que les entreprises européennes ?” s'interrogera-t-il, jouant sur les valeurs communes des deux pays qui partagent la même religion, un patrimoine commun et un traité d'amitié signé en 2006, mais pas seulement. L'argumentation concernant ce déséquilibre a été aussi purement d'ordre économique, statistiques à l'appui dénotant le potentiel turc très important et les investissements de 350 millions de dollars bien en deçà de ce qu'il aurait dû ou pu être. Un message que le ministre d'Etat turc compte bien faire parvenir aux neuf ministres qu'il doit rencontrer, ainsi que tous les autres cadres de l'Etat et les hommes d'affaires algériens. El-Hachemi Djaâboub : “le contenu de la LFC relève de la souveraineté nationale” Visiblement, la loi de finances complémentaire 2009 n'a pas épuisé tous les commentaires et autre réactions. Pas plus tard qu'hier, El-Hachemi Djaâboub, ministre du Commerce, a profité de la rencontre avec les hommes d'affaires turcs pour revenir sur la question et clamer que “le contenu de la LFC 2009 relève de la souveraineté nationale”, comme pour signifier de manière catégorique que l'Etat algérien persiste et signe dans sa démarche malgré toutes les critiques émanant de différentes parties. “La loi de finances 2010 adoptée lundi par le Conseil des ministres ne note aucun recul par rapport à ce qui a été décidé dans la LFC 2009”, insistera-t-il, signifiant ainsi l'intention manifeste de l'Algérie de garantir un climat d'affaires plus serein, assaini de tentatives avérées ou avortées de transferts illicites et autres malversations ou non- respect de la réglementation en vigueur. “L'ouverture de l'Algérie sur le monde ne signifie nullement aller contre l'intérêt national”, conclut-il avant de s'adresser aux Turcs et affirmer la volonté du gouvernement actuel de fortifier davantage les relations bilatérales entre nos deux pays respectifs. “Je sais que les Turcs réclament les mêmes avantages donnés aux Européens. Nous allons étudier cet aspect”, dira-t-il, conditionnant presque cela avec l'adhésion de l'Algérie à l'OMC. Une adhésion que les Turcs ont assuré hier appuyer au plus haut point. Des ambitions tachées d'entraves Le coprésident du Conseil d'affaires algéro-turc a plaidé pour le développement économique algéro-turc, précisant que les échanges commerciaux peuvent atteindre les 10 milliards de dollars d'ici la fin 2012, et d'expliquer à son tour que “seule la signature d'un accord de libre-échange peut accélérer le volume du commerce”. L'exemple de la Tunisie et de l'Egypte surtout est avancé en guise d'illustration puisque les investissements ont atteint les 2 milliards de dollars. Il abordera à l'occasion les problèmes des cautions bancaires rejetées par les banques algériennes, provoquant des lenteurs dans le financement des projets d'investissement engagés ainsi que des frais supplémentaires sur le coût du projet initial. La double cotisation à la Sécurité sociale, imposée aux travailleurs turcs expatriés en Algérie, et les lenteurs administratives dans la remise de visas de séjour et d'autorisations de travail en Algérie ont été également soulignées avec insistance pratiquement par chacun des intervenants. “L'Algérie constitue le plus grand partenaire de la Turquie en Afrique”, dira le coprésident du conseil d'affaires algéro-turc, indiquant que les entreprises turques sont présentes dans plusieurs secteurs dont les chemins de fer, les barrages, les logements et autres infrastructures importantes de l'Algérie. “Nous ne sommes pas là uniquement pour vendre nos produits, mais pour établir un véritable partenariat économique de plus en plus fort”, certifient les Turcs, plaidant pour unir les efforts et contrecarrer les effets de la crise économique mondiale.