Un des couacs que suscite le projet de la grande mosquée d'Alger est la faisabilité même. Le choix de l'assiette du terrain a été très critiqué et à plusieurs niveaux. Pas seulement par la “plèbe”, mais également par les spécialistes. Encore une fois, le projet de la grande mosquée d'Alger revient au-devant de la scène, même si rien de concret n'est encore “palpable”. Un avis d' appel d'offres national et international a été lancé hier par l'agence nationale de réalisation et de gestion de Djamaâ El-Dzajaïr (Anargema) pour la réalisation de ce qui est “brandi” comme la future troisième mosquée, la plus haute du monde, après celles des deux lieux saints de l'Islam, La Mecque et Médine. Dans le communiqué, il a été indiqué que les candidats devaient remplir certaines conditions dont, entre autres, celle d'avoir réalisé un chiffre d'affaires annuel moyen d'au moins 1 milliard d'euros (au cours des trois dernières années : 2006, 2007 et 2008) ou encore de justifier d'une expérience d'au moins 20 ans dans le domaine des grands bâtiments et de la construction d'immeubles de très grande hauteur de plus de 30 étages, dans des zones à sismicité comparable à celle d'Alger. Cependant, le projet dépasse de très loin l'aspect des détails susmentionnés sur lesquels insiste à chaque fois l'Anargema. C'est qu'il y a plusieurs “hics” que l'agence, le ministère des affaires religieuses et le gouvernement veulent mettre de côté, alors qu'ils sont d'une importance cruciale. Il y a d'abord le coût sur lequel on ne cesse de tergiverser sans qu'un chiffre précis ne soit donné. Aux quatre milliards de dollars annoncés au lancement du projet, le prix a été plus au moins revu à la baisse, mais seulement au niveau des déclarations d'usage. Une “marche arrière” que d'aucuns avaient justifié par l'impact plus que négatif qu'avait suscité la somme annoncée dans un pays dont les priorités sont loin, très loin, de se matérialiser autour d'un lieu de culte, aussi grand soit-il. La folie des grandeurs, si elle devait se matérialiser, devrait, et c'est l'avis de la majorité des citoyens, se concrétiser plus dans l'édification d'infrastructures beaucoup plus importantes et surtout d'urgence. Mettre, par exemple, le qualificatif de “grand” devant un futur hôpital à édifier serait beaucoup plus utile sur tous les plans. L'autre “facette” des couacs que suscite le projet de la grande mosquée d'Alger est la faisabilité même. Le choix de l'assiette du terrain a été très critiqué et à plusieurs niveaux. Pas seulement par la “plèbe”, mais également par les spécialistes. Le fait que l'assiette soit juste à côté de l'oued El-Harrach, en plus de son impact négatif et son côté “irrespectueux”, est déjà un danger pour la solidité même de l'infrastructure envisagée. Le mutisme et le flou entretenus sur les résultats des analyses de sol ne peuvent que susciter la suspicion. Une “ombre” qui est venue s'ajouter aux informations selon lesquelles plusieurs membres de l'Anargema auraient démissionné depuis son installation. Il faut dire que la gestion de cette agence est loin d'être transparente. Ce n'est évidemment pas une accusation, mais il faut tout de même avouer que la communication semble être le dernier de ses soucis. Et pour un organisme qui va gérer des milliards d'euros appartenant au trésor public, c'est carrément inacceptable. Reste maintenant la question de la concrétisation de ce projet. Des années sont passées depuis son annonce, et il commence à être assimilé au projet du métro d'Alger, sauf qu'on est en 2009, et quoi qu'il en soit, beaucoup de choses ont changé… ou le devraient tout au moins.