L'ancien ministre et sénateur français Charles Pasqua a été condamné mardi à Paris à trois ans de prison, dont deux avec sursis, et 100 000 euros d'amende pour “trafic d'influence” au procès de l'Angolagate, une affaire de vente d'armes de guerre à l'Angola dans les années 90. Par ailleurs, les hommes d'affaires Pierre Falcone et Arcadi Gaydamak, personnages-clés de l'Angolagate, de cette vaste affaire ont été condamnés à six ans de prison ferme. Une peine avec sursis a été prononcée contre Jean-Christophe Mitterrand, fils de l'ancien président socialiste. Le tribunal correctionnel de Paris a ordonné l'incarcération immédiate de Pierre Falcone condamné pour trafic d'influence, commerce d'armes et abus de biens sociaux. Arcadi Gaydamak, Israélien d'origine russe et actuellement réfugié en Russie, a été condamné pour commerce d'armes, trafic d'influence et blanchiment. Il avait été le grand absent du procès. La justice reproche aux deux hommes d'avoir, de 1993 à 1998, vendu à l'Angola, alors en pleine guerre civile, des armes provenant de l'ancien bloc soviétique sans l'autorisation de l'Etat Français. Au total, 42 personnes avaient comparu, accusées d'avoir participé à l'organisation de ce “trafic” d'armes de 790 millions de dollars, ou d'avoir bénéficié de “pots-de-vin” distribués par Falcone et Gaydamak. Une trentaine de responsables angolais auraient également été arrosés dans ce commerce, selon les enquêteurs, mais aucun n'a été renvoyé devant la justice. Dès l'ouverture du procès en octobre 2008, l'Angola avait demandé le retrait des pièces incriminantes, au nom du “respect du secret défense d'un pays étranger”. Argument rejeté mardi par le tribunal. De Luanda, le gouvernement a indiqué ne pas souhaiter commenter le jugement dans l'immédiat, tandis que l'opposition se réjouissait d'une “situation embarrassante” pour le pouvoir. En pleine guerre civile, le président angolais José Eduardo Dos Santos cherchait en 1993 à se procurer des armes pour lutter contre les rebelles de l'Unita, mais la France avait refusé. Des contacts officieux l'avaient amené à Pierre Falcone, lequel s'était associé à Arcadi Gaydamak qui, lui, avait des contacts dans l'ancien bloc soviétique. 420 chars, 150 000 obus, 12 hélicoptères, six navires de guerre recensés par les enquêteurs : les deux associés ne contestent pas avoir livré du matériel militaire, mais nient avoir livré 170 000 mines antipersonnel et soutiennent que Paris n'avait pas à donner son feu-vert puisque cet arsenal ne passait pas par la France et que la société courtière, ZTS Osos était basée en Slovaquie.