“Pour un observateur initié, pour vous, c'est un miracle si le FFS est encore là. Ce miracle, vous l'avez construit petit à petit comme un nid, pierre par pierre comme un temple de la démocratie, mot par mot comme un lexique d'espérance, douleur après douleur comme un champ de résistance.” Gravée sur une stèle en marbre gris, trônant désormais dans la cour du siège du parti, cette formule poétique est signée Hocine Aït Ahmed, leader du FFS. Pour la célébration du 1er novembre, hier, le FFS a érigé en son siège à Alger cette stèle à la gloire des martyrs de la révolution, mais aussi des martyrs de ceux qui ont fait le maquis de 1963 contre le régime de Ben Bella et jamais reconnus à ce jour. Une occasion donc pour le premier secrétaire national, en l'absence du leader, acteur de premier plan de la révolution, mais que le cours historique de l'Algérie a éloigné du pays, de rappeler que l'esprit de novembre n'est pas encore concrétisé. “Nous sommes libres de toute occupation étrangère, nous avons vaincu le colonialisme, mais le chemin reste encore long pour concrétiser les promesses de novembre. Nous ne sommes pas encore libérés de nos atavismes, ni de nos archaïsmes. Notre lutte pour l'autodétermination individuelle et collective n'a pas encore abouti”, a indiqué Karim Tabbou devant une foule de militants, mais aussi de figures historiques comme Lakhdar Bouregaâ. Comme toujours, il pointe un doigt accusateur sur le régime, à l'origine, selon lui, de l'absence d'accomplissement du message de novembre, à savoir la construction d'un Etat démocratique et social. “Le régime policier érigé après l'indépendance constitue l'obstacle principal pour une transition pacifique vers la construction d'un Etat démocratique et social”, soutient Tabbou. Il rappelle dans ce contexte les circonstances du recours du FFS à la lutte armée en 1963 contre le régime instauré au lendemain de l'indépendance. “La violence du régime qui a pris le pouvoir juste après l'indépendance a contraint le FFS à mener un combat pour la liberté et la démocratie. Le FFS n'a jamais voulu l'affrontement fratricide entre Algériens, il a été acculé à défendre la vie et la dignité de ses militants pour préserver le parti comme seule organisation capable de s'opposer au régime policier qui se mettait en place.” Relevant qu'aujourd'hui encore le pays ne connaît pas de vie publique, le FFS invite les Algériens “à partager, dit-il, nos espoirs et nos aspirations, à partager notre lutte contre toutes les violations des droits de l'homme, pour le primat du droit et pour le primat du politique”. Pour sa part, l'ancien officier de la Wilaya IV, Lakhdar Bouregaâ, a appelé les jeunes à ne pas “capituler”. “On doit récupérer le prestige de l'Algérie. On ne doit pas flancher.” “L'Algérie d'aujourd'hui est réputée pour sa corruption et nos élus supposés représentants du peuple sont complices”, a-t-il asséné sous les applaudissements de l'assistance. “L'esprit de novembre n'est pas accompli”, a-t-il dit. La stèle érigée par le FFS se veut comme un lieu de mémoire pour le pays et un lieu de recueillement.