La générale de cette pièce de théâtre a été donnée à l'occasion du 1er Novembre à la salle du théâtre régional Malek-Bouguermouh. Elle a été traduite en tamazight par Abdelaziz Hammachi, et mise en scène par Djamel Abdelli. Le titre de la pièce, le Foehn, est une allégorie, tout comme celui du roman L'Incendie, c'est une autre Bataille d'Alger, l'action se situant en 1957. La scénographie est réduite à sa plus simple expression. Djamel Abdelli dira : “Je préfère mettre les comédiens en position de donner libre cours à leurs sentiments, à leur performance plutôt que leur assigner des artifices scénographiques qui les relèguent au second plan.” À notre sens, les comédiens jouent trop en arrière-scène, réduisant le confort d'écoute du spectateur. Là aussi, Djamal a ses raisons : “Je suis de formation académique et pour moi, le quatrième mur existe et (…) l'avant-scène est en fait la fosse d'orchestre qu'on a recouverte pour agrandir la scène, ce qui fait que l'acoustique est altérée.” Onze personnages se partagent l'espace scénique symboliquement divisé en deux “camps” : La Casbah et le château de Burdieu (interprété par Sami Allem), un colon dont on a brûlé l'exploitation agricole. Au milieu des interactions, Brigitte (campée par Nesrine) tient tête à son père dans ses visées colonialistes et adepte de la torture qu'il confie à Baldacci (Stéphane David), qui invente le douzième personnage, sa “Stein” (une mitraillette) qu'il chouchoute et appelle affectueusement “Lola”. Elle est capable de libérer “douze bastos” si la baignoire et la gégène se révèlent inefficaces. Giovanna, rôle bien interprété par Amel Belkacem, est la complice de Tarik (Belkacem Kaouane), l'agent de liaison auquel on veut faire avouer l'adresse de son chef. “Ecrivez sur l'enveloppe : le grand égorgeur, La Casbah, Alger… Il se trouvera un petit égorgeur qui transmettra.” Du côté de la famille algérienne, Wissam, dans le rôle de Zohra, la mère, est saisissante de vérité. Chanteuse à l'origine, Wissam est en passe de réussir amplement sa conversion et s'impose comme comédienne attitrée. Dans cette pièce, elle est soutenue par Ibtissem Hadj Hamou dans le rôle de Aïni, fille de Zohra. Les autres acteurs, Saâd Saâdi (l'aveugle), Abdelaziz Hamachi (rôles de Omar et Legal) et Nassim Mohedeb, qui symbolise l'enfance de Tarik, collaborent efficacement à un spectacle léger, malgré la charge dramatique, encadré par la voix remarquable de Mounia Aït Meddour, la cantatrice, et la musique de Bazou. Abdelaziz YESSAD (*) Le foehn est un vent chaud.