Barack Obama est décidément incompris en son pays. Alors que ses amis démocrates n'apprécient pas beaucoup qu'il ait maintenu l'ancien secrétaire à la Défense, un républicain, les républicains, de leur côté, estiment, non sans ironie, que s'il a fait un tel choix, c'est parce que les démocrates ne s'y connaissent pas en matière de sécurité et de défense. La question afghane a poussé jusqu'à la caricature le fossé qui sépare la vision des deux partis sur ces questions. La politique étrangère d'Obama est, pour sa part, une cible privilégiée des plus conservateurs des républicains. Ils considèrent que la politique de la main tendue prônée à l'égard de Téhéran, ainsi que le volontarisme du président au début de son mandat pour le règlement du conflit israélo-palestinien ne sont rien moins qu'une gravissime erreur, qui affaiblit les Etats-Unis et réduit leur influence. "Il tend la main à des ennemis qui ferment le poing et exerce des pressions sur des alliés comme Israël. Et où sont donc les résultats ?" a soutenu, sur un plateau de télévision, le représentant du Parti républicain en France. Il est vrai que pour l'instant, hormis le fait que l'image de l'Amérique s'est considérablement améliorée à l'extérieur, des résultats il n'y en a guère, si l'on excepte, toutefois, la disponibilité de la Russie à collaborer dans le dossier du nucléaire iranien, qu'on peut considérer comme la contrepartie du renoncement américain au bouclier antimissile prévu en Europe. On peut même se demander si Barack Obama lui-même n'est pas en train de douter et de perdre de son assurance. Sa longue hésitation à prendre une décision à propos de l'envoi ou non de renforts en Afghanistan n'en est-il pas un signe ? Sa soudaine complaisance à l'égard de l'allié israélien, qu'il a agréablement surpris en dénonçant le rapport Goldstone dans un premier temps, avant de renoncer au préalable — qu'il a lui-même formulé — de l'arrêt de la colonisation des territoires palestiniens est, pour sa part, une véritable volte-face susceptible de réduire à néant tout le travail d'approche mené en direction du monde arabe et musulman. Changement de cap réfléchi ? Ou se serait-il tout simplement rendu compte, à l'épreuve de l'exercice du pouvoir, qu'il a développé des ambitions trop grandes sans s'assurer de la marge de manœuvre nécessaire à leur réalisation ?