À l'approche du 14 novembre, la pression monte de plus en plus en Egypte. Qu'il soit le sujet de presque tous les Cairotes, c'est une évidence. Ce qui change, c'est l'angle de la discussion. dans tous les quartiers du Caire, les cafés, les magasins ou avec les chauffeurs de taxi, deux choses reviennent en boucle. Il s'agit de la vente des billets et du débat fait autour de la présence des… Egyptiennes le jour J. Les Cairotes se sont réveillés avec une rumeur qui a fait rapidement le tour de la ville. Il s'agit du lancement le jour même de la “campagne” de vente des billets d'entrée au stade. Plusieurs jeunes commencent à questionner autour d'eux pour confirmer ou infirmer cette information. “Ce matin, un copain m'a appelé pour me dire que les billets commenceront à être vendus dès ce matin et je ne veux pas me déplacer sans en être sûr”, nous dira un jeune d'une vingtaine d'années, avant de nous quitter presque en courant en voyant un autre fan des Pharaons. “C'est un ami qui est plus branché que moi sur l'actualité et je vais confirmer auprès de lui.” Au fil des minutes et des heures, il s'est avéré que c'était une fausse alerte. Il faut dire qu'ici tous les Egyptiens sont aux aguets à propos des billets. Tous affirment ne pas vouloir rater le match, et ils ont peur que la vente se fasse en catimini. Un chauffeur de taxi d'une quarantaine d'années essayera de nous expliquer la situation. “Il y a 80 000 places, et nous sommes 80 millions d'habitants. Il faut être parmi les premiers pour les avoir. Je suis sûr qu'il va y avoir une grande cacophonie. Nos jeunes ont surtout peur que les billets se vendent sous le manteau, et c'est pourquoi ils sont à l'écoute de la moindre information sur leur vente. Je me demande comment ils vont faire pour satisfaire tout ce monde.” La veille déjà, tout le monde parlait de la décision prise par Hassan Sakr, président du Conseil de sport, avec Samir Zaher, président de la Fédération de football, de réduire de moitié les prix des billets pour l'accès aux tribunes inférieures, soit la seconde et troisième zones. Une nouvelle reçue avec beaucoup d'enthousiasme par les Egyptiens. Prévu initialement à 100 et 30 livres égyptiennes (LE), soit 1 333 et 400 DA pour la seconde et troisième zones, le prix a donc changé pour 50 et 15 LE (666 et 200 DA). Les femmes aussi sont entrées en jeu. Du moins dans les débats égyptiens du moment. Une grande campagne a été même lancée pour inciter les femmes à ne pas se déplacer le jour du match (elles font partie du décor des stades égyptiens depuis plusieurs années déjà) pour permettre aux supporters (et même aux joueurs égyptiens) de se concentrer totalement sur le match et mettre la pression sur l'équipe algérienne. Le commentateur d'un programme sportif, en l'occurrence Aymen Younès, dans son émission “Zamalkaoui”, n'a pas hésité à déclarer que “le jour du match, on aura besoin de 80 000 mâles dans les gradins.” La presse écrite, surtout sportive et people, y consacre même des dossiers. Hier, sur les colonnes de Wachewacha tout un dossier a été consacré au sujet. Les représentantes des clubs de supportrices des deux clubs du pays, El-Ahly et Zamalek, ont ainsi été interviewées. L'une, celle du Zamalek, a refusé catégoriquement l'idée de ne pas aller voir le match en déclarant que “tous les membres de notre groupe vont aller au stade accompagnés ; elles seront chacune avec un membre de leur famille.” Par contre, la représentante des pom-pom-girls du Ahly a affirmé qu'elle et ses copines laisseront le stade aux hommes. “Il y aura beaucoup de monde et de tension ; on préfère ainsi ne pas courir le risque.” Avant le match du 14, les regards sont déjà braqués sur la ville du Sud, Assouan. Aujourd'hui, jeudi, un match amical opposera l'équipe égyptienne à celle de la Tanzanie, et les Cairotes étaient hier en train de programmer les lieux où ils allaient suivre la rencontre.