Selon les syndicalistes, cette grève s'adresse au président de la République et au Premier ministre et non au ministre de l'Education nationale. Ils précisent qu'avec l'annulation de l'effet rétroactif, les enseignants auront perdu de 120 à 190 000 dinars d'indemnités. Les syndicats de l'éducation sont passés à l'action. Le refus de l'application du régime indemnitaire avec effet rétroactif à partir du 1er janvier 2008 a été la goutte qui a fait déborder le vase de la colère. Cette décision prise par le Premier ministre a été perçue par les syndicalistes comme une déclaration de guerre au moment où ils s'attendaient à des mesures d'apaisement. Ce qui a ainsi fédéré les syndicalistes autour du mouvement de contestation qui risque de marquer cette fin d'année 2009. Trois syndicats de l'éducation nationale, à savoir le Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), le Syndicat national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique, (Snapest), ainsi que l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef), ont inauguré hier la saga de la grève. Le ton a été donné dès le premier jour du débrayage. Les trois paliers de l'éducation nationale, primaire, moyen et secondaire, ont été paralysés. Plusieurs écoles ont affiché la couleur dès les premières heures de la journée, comme c'est le cas de l'école primaire El-Bahdja de Bir-Mourad-Raïs. “C'est une grève d'une semaine renouvelable tant que nos revendications ne seront pas satisfaites”, ont répété en chœur plusieurs enseignants rencontrés sur le terrain. Au programme : une grève d'une semaine renouvelable jusqu'à l'aboutissement de leurs revendications. Les enseignants, qui ont décidé d'aller vers cette mesure extrême qu'est le débrayage, veulent arriver à améliorer leurs conditions socioprofessionnelles et susciter une réaction de l'Exécutif qui continue à faire la sourde oreille. “Le gouvernement n'est plus crédible avec sa politique de mépris envers les syndicats autonomes ainsi que ses négociations avec le syndicat de l'UGTA”, s'indignent les syndicalistes de l'éducation. Selon eux, cette grève n'est pas dirigée contre leur tutelle, mais dédiée au premier magistrat du pays ainsi qu'au Premier ministre. “Si nous avons eu recours à la grève, ce n'est pas par gaieté de cœur. C'est notre ultime espoir de voir nos conditions de vie et de travail changer. La balle est désormais dans le camp du gouvernement et c'est à lui seul d'assumer les conséquences”, a déclaré M. Meziane Meriane, premier responsable du Snapest, lors d'une conférence de presse qu'il a animée à Alger-Centre. Le taux de suivi de grève a été, selon les syndicalistes, plus que satisfaisant. “C'est un carton plein ! Ce taux de participation n'a jamais été égalé et cela depuis le mouvement de contestation de l'année 2003, qui a frôlé l'année blanche. Si nous avons atteint aujourd'hui une participation de 90%, voire même 100% dans certaines wilayas du pays, c'est grâce à l'unification de notre mouvement et des syndicats qui ont décidé d'aller en rangs serrés et ce taux sera amélioré durant les prochains jours voire même dès demain”, a-t-il expliqué. Il est à noter que d'autres syndicats, à l'exemple du Conseil des lycées d'Algérie (CLA) vont rejoindre le mouvement à partir d'aujourd'hui. Au-delà des revendications relatives au régime indemnitaire, du statut particulier, l'amélioration des conditions de travail, la refonte de la gestion des œuvres sociales ainsi que la retraite après 25 ans de service, c'est l'annulation de l'effet rétroactif qui a fait “jaser” les syndicalistes. Selon le Snapest, cette décision fait perdre à l'enseignant environ 120 à 190 000 dinars d'indemnités. À travers ce mouvement de contestation, les syndicats veulent que les responsables de l'Exécutif revoient leur copie et acceptent la présence des syndicats autonomes au sein de la réunion de la tripartite. Ils continuent à affirmer que l'UGTA ne défend pas les intérêts des travailleurs lors de cette tripartite, et ne fait qu'entériner les décisions du gouvernement. Car elle ne sera, comme à l'accoutumée, qu'un simple figurant. “De notre avis, l'UGTA prône un syndicalisme d'Etat. Elle n'est nullement revendicative, bien au contraire, elle adhère à toutes les propositions et orientations du gouvernement, quelle que soit la politique mise en place”, ont-ils conclu.