Départ n Le jeune roi nomme un régent, puis prend la route. Il a chargé son cheval d'un coffre plein d'or, en cas de besoin. Il était une fois un jeune roi qui était immensément riche. Il était également beau et en plus une femme rêvait de l'épouser. Mais lui, sûr de sa richesse et de sa beauté, ne se pressait pas. Il attendrait de trouver la femme qui ravirait son cœur. Le jeune roi était également un homme pieux, qui faisait ses prières à l'heure, dans une chambre réservée à cet effet. Un jour, alors qu'il venait de finir la prière de l'après-midi, un homme d'une grande beauté lui apparut. Comme il ne l'a pas vu entrer, le roi croit qu'il s'agit d'un fantôme. Il est pris d'une grande frayeur. — Qui es-tu ? — Je suis un ange, dit-il, je t'apporte un message ! Le roi se mit à trembler. — Voilà, Dieu t'a prescrit sept années de malheur, mais tu as le choix : soit tu les passes dans ta jeunesse, soit dans ta vieillesse ! Le jeune roi réfléchit. — Je préfère passer ces années dans ma jeunesse, parce que je suis encore fort et je pourrai supporter l'adversité ! — Alors, qu'il en soit ainsi. Tu vas nommer un régent qui s'occupera des affaires du royaume et, demain, à la première heure, tu prendras la route. Tu devras perdre ton apparence de roi et revêtir celle d'un homme très humble. L'apparition disparaît. «Ai-je rêvé ?», se demande le roi. Mais hélas, il a bien vu un ange et il est prêt à assumer son destin. Comme ordonné, il nomme un régent, puis prend la route. Il a pris soin de charger son cheval d'un coffre plein d'or dont il pourrait se servir en cas de besoin. A peine a-t-il quitté les limites de son royaume que la terre s'ouvre sous les pattes du cheval, qui est comme avalé. Le roi cherche à sauver les coffres, mais hélas, ils disparaissent, avalés, eux aussi, par la terre. — Hélas, se plaint-il, j'ai perdu mon or ! Mais il lui reste encore ses beaux vêtements et, au fond d'une poche, quelques pièces d'or. — A quoi bon ces vêtements et ces pièces puisque je dois être malheureux pendant sept années ? C'est le destin qui m'a été prescrit par le Créateur, je dois me soumettre à sa volonté ! Il erre dans la campagne et rencontre un berger. — J'ai un marché à te proposer, lui dit-il, échange-moi ta tunique en guenilles contre mon beau costume de soie et mon burnous. Tu me donneras aussi un agneau. Je l'égorgerai et ne prendrai que sa panse et ses boyaux, je te laisserai le reste. Le berger accepte le marché. Le roi lui donne son costume et son burnous et met, à la place, sa tunique, toute rapiécée. Puis il égorge l'agneau, enlève sa panse et ses boyaux et les met sur sa tête. En route, il achète avec ses pièces d'or, une vieille mule qui tient à peine sur ses pattes. «Mes sept années de malheur ont vraiment commencé», se dit-il. Et il entre dans un pays inconnu. (à suivre...)