Dans la famille de Sidi Mohamed Ben Alya naquit un jour un petit-fils du grand marabout : Brahim Ben El Hadj. Il était si gros que sa mère rendit l'âme en le mettant au monde. Il était si vorace et insatiable que même la nourrice refusa de lui donner le sein. Un matin, son père le trouva en train de téter une lionne. Une fois devenu grand, Brahim passait ses journées à parcourir la forêt. À cette époque, les montagnes de Djelfa étaient infestées de fauves dont les gens n'arrivaient pas à se protéger. Ils allèrent en pèlerinage sur la tombe de Sidi Mohamed Ben Alya, lui demandant de les en débarrasser. C'est ainsi que Brahim reçut en songe, de son grand-père, l'ordre de nettoyer la région de ces fauves. Il tua 200 lions, 354 panthères, sans compter chacals, mouflons et autruches. On raconte que Brahim opérait sans arme, étouffant les lions entre ses bras et faisant craquer l'échine des panthères. Un jour, il attrapa un lion par la crinière et le traîna dans les rochers jusqu'à ce que mort s'ensuive. La lionne lui aurait alors demandé de l'épargner elle et ses lionceaux. Attendri, Brahim s'éloigna sans leur faire de mal. Une autre fois, tandis qu'il dormait, un lion vint le flairer. Réveillé par l'odeur du fauve, il se dressa sur les coudes. L'animal fit un bon en arrière, puis banda tous ses muscles pour attaquer. Mais, plus rapide, Brahim l'avait déjà empoigné, le serrant fort jusqu'à l'étouffer. Les lions se réunirent alors et quittèrent la région. Seule resta la vieille lionne qui l'avait nourrit de son lait. Elle mourut d'ailleurs peu de temps après. NADIA AREZKI [email protected]