Photo : S. Zoheïr Par Y. Bouarfa L'histoire du foot à travers les logos et mascottes de ses grandes épreuves. Une grande épreuve sportive, qu'elle soit olympique ou autre, ne peut aujourd'hui se dérouler sans afficher préalablement des éléments visuels. La Coupe du monde de football n'y échappe pas. Jusqu'en 1966, de simples affiches présentaient l'événement. Puis, sont apparus les mascottes, les logos, jusqu'aux divers symboles qu'on nomme les produits dérivés. Il s'agit, bien sûr, d'autres choses plus importantes telles que des drapeaux, fanions, maillots, polos, tee-shirts, bandeaux, serre-tête, écharpes, foulards et survêts. Leur utilisation a un but commercial et chaque marque voulant les afficher se doit de payer une certaine somme, et même une somme certaine, à la FAF. Quiconque utilise ces symboles sans autorisation s'expose aux foudres des hautes autorités du sport marketing. Le football, ce sport qui fait le bonheur des milliers de personnes dans le monde, est devenu le sujet commun de la plupart des Algériens. Mais il fait aussi le bonheur des ateliers de confection puisque les gens achètent sans compter tout ce qui s'identifie aux couleurs de l'équipe algérienne de football, tout ce qui est fait aux couleurs de l'emblème national : maillots, tee-shirts, écharpes, emblème national, autant de produits aux couleurs des Verts, qui s'arrachent comme des petits pains dans des marchés improvisés à travers les grandes villes du pays. Ce qui est remarquable, c'est la naissance d'un nouveau «business», qui s'empare de la rue algérienne, tout en exposant sur des étals de fortune installés dans les rues et de grandes avenues à Alger, mais également à Oran, Annaba, Constantine, Béchar ou Tamanrasset. En Algérie, la sélection nationale fait vendre La Coupe d'Afrique des nations s'ouvrira dans quelques semaines mais l'Algérie vit depuis plusieurs mois au rythme de la future compétition. En attendant les exploits des Fennecs du désert, le business autour de l'événement bat déjà son plein : des gadgets aux programmes vendus aux feux rouges, sur les étals dressés dans tous les coins pour l'occasion, dans les boutiques, en faisant du porte à porte… Les Fennecs font vivre les jeunes. Ils les font vibrer lors des matches, bien sûr, mais ils nourrissent également un marketing et un business qui s'épanouissent à différents niveaux dans la société algérienne. Les succès des Verts, en plus d'avoir réconcilié les Algériens avec leur équipe nationale, auront aussi le mérite d'avoir réhabilité le drapeau. Et c'est, évidemment, tout un business lucratif qui s'est créé autour de l'emblème national, décliné sous toutes les formes et dans toutes les tailles. Et c'est encore plus vrai à l'approche de la 27e Coupe d'Afrique des nations (CAN) qui s'ouvrira au mois de janvier en Angola. La mode au vert qui s'empare des rues algériennes aura surtout fait le bonheur des ateliers de confection. Ce sont les Chinois qui se frottent les mains. Les nombreux détaillants et autres vendeurs avouent, cependant, que leur produit est fait maison, c'est-à-dire algérien, confectionné à Alger ou à El Eulma. Mais du moment que cela se vend, il importe peu au client de savoir qui les confectionne. L'essentiel est d'avoir de quoi montrer qu'on est un Algérien avec fanions et maillot vert et blanc. La rue de la Lyre, fief des grossistes et importateurs, a, depuis le début des hostilités des éliminatoires jumelées CAN-Mondial 2010, revêtu, circonstances obligent, ses «habits» verts, blancs et rouges. Les Verts se préparent et la tension monte. «On est déjà en plein dans la compétition», témoigne un habitant d'Alger. Avec la réélection de Mohamed Raouraoua à la présidence de la Fédération algérienne de football, le foot est vraiment le principal sujet de conversation dans la rue, au boulot ou en famille ! On attendait tous samedi et dimanche, jour du match des Verts, avec impatience et on n'envisageait même pas de défaite. La CAN se vend à chaque coin de rue. A Alger, à Sétif, à Tlemcen, à Tébessa et à Maghnia, les principaux points de vente des gadgets aux couleurs de la compétition… et de l'Algérie. De nombreux petits commerçants ont abandonné leur marchandise habituelle pour se reconvertir dans les objets estampillés «CAN-Mondial». Les étals des marchés regorgent de maillots des Fennecs du désert qui s'affichent en devanture des boutiques. C'est une véritable aubaine qui s'offre à ceux qui savent investir. De nombreux confectionneurs se sont convertis à leur tour à cette tendance. Ce qui visiblement attire le plus, ce sont les T-shirts flanqués de la photo des joueurs, ainsi que les survêtements de l'équipe nationale, au point que les tailleurs sont allés jusqu'à confectionner des survêts pour des enfants... de moins d'un an. Enfin, de nombreux opportunistes se postent aux feux rouges et gagnent des sommes rondelettes en vendant les gadgets aux couleurs algériennes aux automobilistes. Le survêt coûte 1 500 DA et un vendeur peut en écouler jusqu'à 100 par jour. Mais ce sont les vendeurs de CD de chansons à la gloire des footballeurs algériens qui sont le plus à la fête, et les vendent comme des petits pains. Cependant, la palme revient au drapeau national et plus précisément au plus long et au plus large et plus comme à Mila ou Alger, de plus de 300 mètres. Pas de CAN, pas de Mondial sans couleurs algériennes, télé ou CD Il est impossible d'imaginer la CAN sans les couleurs algériennes ou sans CD. «Comme à chaque fois, avant un événement footballistique de cette ampleur, on remarque une affluence plus grande chez les vendeurs de survêts, maillots algériens ou CD», explique un journaliste d'un quotidien arabophone. «Un mouvement qui a été perceptible dès les fêtes de fin d'année. En prévision de la CAN, en plus de tout ce qui symbolise l'Algérie, certains ont même acheté un nouvel appareil pour être sûrs de pouvoir suivre tous les matches sans problème. Chaque famille fait l'effort de se doter d'au moins une télé. Certains postes sont en panne depuis plusieurs mois, et la famille attend la bonne occasion pour débourser l'argent de la réparation. Cette occasion, c'est la CAN, le Mondial. Les réparateurs voyaient, donc, défiler tous les modèles de télé. Mais moins cette année car, depuis quelque temps, une nouvelle tendance se dessine en Algérie. Les gens préfèrent changer de poste plutôt que de réparer l'ancien. Pour à peu près 80 000 DA, vous pouvez acquérir une télé à écran plat toute neuve. Quant à ceux qui n'ont pas les moyens de se payer une télé neuve, ils n'ont qu'à réparer leur vieux poste ou le remplacer par un autre. Sinon, il leur reste les voisins ou leur débit de boissons, cafés préférés pour suivre les matches. Une solution comme une autre pour ne pas rater l'inratable.» «Harami, l'Algérie sakna fi Qalbi, One two three», en haut du hit parade «Harami», «L'Algérie sakna fi Qalbi», «One, two, three» et les compilations des chansons cultes sur l'équipe nationale revendues sous forme de CD et DVD, à moins de 150 DA la pièce. Ils ont tous des CD dans leur voiture pour fêter la victoire et défiler le soir du match. Ceux qui n'en ont pas ou ne peuvent pas se les payer, demandent aux amis de les leur graver sur CD. La frénésie des compilations touche toutes les tranches d'âge sans exception en Algérie. L'expansion est fulgurante. Avec plus de 15 millions de CD, le record de disques vendus risque d'être battu. D'Alger à Tamanrasset, en passant par Béchar ou Biskra, les CD sont omniprésents en Algérie. Dans le désert, la montagne ou la plage, les musiques peuvent retentir à tout moment. Au sein des villes, on peut assister à de véritables symphonies. Le phénomène Algérie a contaminé le pays et ouvert la brèche à un business : près d'un Algérien sur deux en a dans sa voiture. Autrefois, réservé aux mariages, aux fêtes nationales, le CD Algérie s'est banalisé et fait désormais partie intégrante des mœurs locales. Les points de vente fourmillent ; les offres se démultiplient ; le marché est en pleine croissance. Les vendeurs de CD se répartissent les parts du gâteau, mais c'est cheb Mahfoud et Sonia qui tiennent le haut du pavé devant le groupe Milano Torino. Le duo Mahfoud-Sonia s'est imposé comme le leader incontesté sur ce nouveau marché. Mais la bataille des chanteurs est loin d'être finie et la course aux ventes ne fait que commencer.