C'est parti ! Pour les Egyptiens désirant s'assurer une présence dans le chaudron annoncé du Cairo Stadium, samedi en fin de journée, pour soutenir la cause nationale, la course vers le tant convoité sésame a commencé hier après-midi. Ce n'est, d'ailleurs, que depuis ce mercredi que l'on a vraiment commencé à sentir et à percevoir une certaine effervescence dans la rue cairote. Et encore ! Il fallait être sur les lieux de vente de billets pour voir enfin, oserions-nous dire, la fièvre du football s'emparer de ce qui prenait, au fil des minutes, des allures de grappes humaines égyptiennes. Huit points de vente, aux sièges de sept clubs sportifs différents, auxquels est venu s'ajouter le siège de la fédération égyptienne de football ont, ainsi, été retenus pour faire office de guichets. Il s'agit de Nadi Al-Ahly, ceux du Zamalek, d'Es-Sayd, d'El-Maâdi, d'Ech-Chems, d'Héliopolis, du 6-Octobre ainsi que le siège de la FEF. Pour un supporter égyptien en quête de ticket d'entrée au Cairo Stadium, il fallait donc se rendre, soit hier entre 16h et 18h, à ces points de vente, soit aujourd'hui jeudi entre 12h et 20h, soit vendredi entre 14h et 20h comme dernier délai. MCA-Khroub plus cher qu'un Egypte-Algérie ! Dans le registre prix, cinq catégories de places sont disponibles. L'on peut ainsi avoir un billet à 15 livres, à 50, à 200, à 250 et même carrément à 1 500 pour les places VIP. La livre égyptienne équivalant à quelque 15 dinars algériens, l'on peut ainsi obtenir une place au prix forcément raisonnable de 225 DA. Dans un langage très simple et quelque peu comparatif avec la valeur de la billetterie sur le marché algérien, un billet d'entrée au magnifique Cairo Stadium pour assister à un match-évènement décisif pour une qualification en Coupe du monde entre l'Egypte double-championne d'Afrique et l'Algérie est… plus de deux fois moins cher qu'un ticket d'entrée au match Mouloudia d'Alger-AS Khroub qui, pour rappel, est aussi paradoxal que cela puisse paraître, s'est vendu à 500 DA ! De quoi justifier, quelque peu, le grand empressement et l'engouement devant les points de vente sus-mentionnés. Devant le siège d'El-Zamalek, où Liberté s'est rendu hier matin, dès 9h30 du matin, une foule assez dense avait déjà pris place. Des jeunes, des moins jeunes, des vieux et même des femmes et des écoliers avec leurs cahiers et livres étaient massés. La plupart d'entre ces inconditionnels de l'équipe nationale égyptienne, comme ils se présentent, sont supporters du prestigieux Zamalek. De simples supporters, mais pas des membres affiliés au club dans la mesure où l'entrée à l'intérieur du luxueux complexe leur était interdite car ne possédant pas de cartes de membres, à l'inverse de certains privilégiés qui ont pu y accéder le plus normalement du monde, comme de coutume. Plus de 6 heures d'attente pour 2h de vente… sous la table. Mais tout ce beau monde ne pouvait que patienter jusqu'à…16h, pour voir enfin les fameux sésames mis en vente. Autrement dit, il fallait plus de six heures d'attente, sous une chaleur de 26° (selon le chiffre avancé par la météo du jour) pour se débrouiller un billet au cours des deux petites heures de mise en vente pour ce premier jour. À ce moment, un début de manifestation traversait la rue, initié par un nombre impressionnant du club rival d'Al-Ahly se dirigeant vers le siège social de leur club avait créé une ambiance folklorique. Mais si au siège du Zamalek un certain brouhaha régnait, du côté de celui d'Al-Ahly et de la fédération égyptienne, c'était beaucoup plus calme. Un calme qui précéda, cependant, la légère (tempête) qui s'empara, dès l'heure officielle de la vente programmée à partir de 16h, du peuple égyptien qui squattait les abords du Nadi Zamalek dès lors que des officiels lui apprirent que les fameux sésames n'étaient… finalement pas disponibles. “Après une telle attente de presque un quart de journée, soit six heures en pleine rue, devant cet énorme portail en fer, ils viennent de nous dire qu'il fallait revenir demain à 7 heures du matin. C'est du n'importe quoi ! Ils ont dû les revendre sous la table comme toujours !” fulminait, en chœur, une partie de cette grappe humaine en colère. Pourtant, des billets du stade, certains privilégiés s'en étaient débrouillé quelques-uns. Un de ceux-là a même été assez coopératif avec Liberté en acceptant de nous divulguer son tuyau. “En fait, j'en ai eu deux grâce à ma tante paternelle qui travaille à la télévision nationale. Elle les avait même voilà maintenant trois jours. Cela est courant en Egypte, comme dans tous les autres pays arabes, je suppose ! Je suis même certain que plus de la moitié des 67 000 billets mis en vente l'ont déjà été avant même la date officielle. Ce n'est pas juste pour le petit peuple qui n'a pas de connaissances, mais cela relève du domaine habituel !”, confessera, tout sourire, ce jeune chanceux. À quelques centimètres seulement de cet Egyptien tout heureux de détenir cette denrée très recherchée, mais devenue subitement rare, les quelques centaines d'autres jeunes et moins jeunes déversaient leur colère d'une manière langagière, mais pas un brin physique, en attendant le lendemain. Un lendemain qui risque de voir les zones de colère s'élargir.