À l'instar de toutes les régions du pays, la Kabylie aura passé une soirée fortement mouvementée après les regrettables incidents du Caire. À Tizi Ouzou et dans toutes les localités de Kabylie, dans les villes et les villages, la colère et l'indignation se lisaient sur tous les villages. Et au moment où des milliers de jeunes citoyens et de sympathisants du club Algérie commençaient à planter le décor de ce qui devait être une fête sans précédent dans les annales du football algérien car faite d'exhibition de drapeaux, d'écharpes et de banderoles aux couleurs nationales, que les premiers cortèges de véhicules bariolés et de concerts de klaxons commençaient à envahir la ville des Genêts, la fiesta s'est malheureusement transformée en grogne et en frustration. À la salle omnisports Saïd-Tazrout de Tizi Ouzou où se déroulait, jeudi soir, le championnat du monde de boxe WBC qui avait mis aux prises l'Algérien Ali Chebbah avec le Mexicain Javier Prieto, l'ambiance folle de cette grande soirée pugilistique avait aussitôt viré à la colère et à l'indignation. C'est que les folles nouvelles du Caire, où l'équipe nationale venait d'être victime d'une lâche agression sur le trajet la menant de l'aéroport international du Caire vers son hôtel de résidence, avaient aussitôt jeté l'émoi dans une salle déjà surchauffée par la sono qui a distillé, durant toute la soirée, des chants à la gloire de notre équipe nationale de football et qui s'était faite tout aussi exubérante après le combat héroïque du boxeur algérien Ali Chebbah, qui venait d'atomiser son adversaire mexicain Javier Prieto, tout en déployant fièrement un énorme drapeau algérien devant des figures légendaires du noble art algérien telles que Loucif Hamani et Mohamed Benguesmia, ce qui ne fit qu'accentuer la fièvre “El-Khadra”. Le sport et la boxe avaient cédé à l'interrogation et à l'inquiétude, surtout que le bouche à oreille et radio-trottoir avaient aussitôt fait circuler les rumeurs les plus folles quant à la gravité des incidents et l'ampleur des blessures occasionnées aux joueurs algériens, notamment Saïfi, Halliche et Lemouchia qu'on disait même hospitalisé en urgence. Comme un seul homme, les milliers de spectateurs de la salle Saïd-Tazrout se mirent à scander “One, two, three ! Viva l'Algérie !” pendant que les nombreux journalistes sportifs présents dans la salle étaient assiégés par les curieux et aussitôt submergés de questions émanant de citoyens visiblement écœurés et scandalisés par autant de lâcheté et de barbarie. “C'était prévisible car comme d'habitude la presse égyptienne a surchauffé l'ambiance du match et doit assumer la grande responsabilité de ces graves dérapages. Ce n'est plus du foot, mais de la bêtise humaine !” devait nous dire un élu de Tizi Ouzou rencontré sur place, et qui avait le téléphone collé à l'oreille pour tenter de recueillir les nouvelles de ce qu'il n'hésite pas à qualifier de “boucherie au Caire”. Il est vrai que le ridicule ne tue pas et que le mensonge éhonté et la “comédie de mauvais goût” relèvent d'une culture bien ancrée depuis des lustres sur les bords du Nil. Pour leur part, les “Bouiris” sont convaincus que l'équipe nationale réalisera un exploit en Egypte. Les événements survenus jeudi à l'aéroport du Caire ne sont qu'un tonus pour les protégés de Saâdane. Les artères des villes et villages de Bouira sont ornées de couleurs nationales. Des drapeaux géants flottent dans les rues, les balcons et bâtiments. Certaines façades ont été peintes en rouge, blanc et vert. Même les travailleurs des municipalités à l'instar de ceux de la commune de Bouira se sont mis de la partie en offrant aux jeunes des quartiers des drapeaux géants et des camions-grues pour les accrocher. La wilaya de Djelfa vit, pour sa part, au rythme des exploits de l'équipe nationale de football. Impossible de ne pas s'y prendre. La fièvre du foot a gagné tout le monde, vieux, jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, filles et garçons. On ne peut rester indifférent, insensible devant tant de ferveur et de passion. Pour cela, les Verts doivent escalader jusqu'au bout la pyramide égyptienne pour se hisser au sommet de la hiérarchie. À Djelfa, on ne jure que par la victoire. Les villes et leurs artères se sont depuis longtemps habillées aux couleurs nationales. Ce samedi sera long, très long, surtout après que la pression est montée d'un cran suite à l'agression caractérisée dont ont été victimes les joueurs algériens au Caire. En attendant, prions pour le meilleur et ne pensons surtout pas au pire !