Si ces élections locales ont donné lieu à de belles empoignades électorales dans certaines communes plus ou moins importantes de la wilaya de Tizi Ouzou, il est clair que, tradition oblige, c'est encore l'APC de Tizi Ouzou, chef-lieu de wilaya, qui était follement convoitée par quatre partis (FFS, RCD, FLN et RND) et une liste d'indépendants, ce qui a donné lieu à une lutte impitoyable. Certes, l'on aura regretté le fort taux d'abstention dans la commune de Tizi Ouzou qui aura enregistré le triste record de 12,81% comme taux de participation, ce qui aura certainement faussé les calculs des uns et des autres, mais il faut bien admettre que la “bataille de Tizi” aura fait rage et le suspense aura tenu en haleine toute l'assistance jusqu'au dépouillement final. Dans le hall glacial de l'APC de Tizi Ouzou, les supporters de tous les camps auraient envahi les lieux dès le début de soirée, soit peu après la fermeture des bureaux de vote. Emmitouflés dans des burnous ou des manteaux fourrés, les candidats tout comme les militants de toutes les parties en lice auront vécu une belle soirée faite de fièvre électorale et de calculs. Les responsables de bureaux de vote formaient au fur et à mesure de la soirée une chaîne interminable pour remettre les procès-verbaux de dépouillement et se “frotter les mains” après une opération électorale qui n'aura connu aucun incident particulier. Et au gré du décompte progressif des différents bureaux de vote, les “fuites” ne tardent pas à se faire. “Le RCD a raflé la mise au centre-ville”, lance un militant du RCD à ses copains qui se frottaient déjà les mains. “À la Nouvelle-Ville et dans les villages limitrophes, c'est plutôt le FFS qui a tout balayé”, rétorque un militant du FFS comme pour contre-attaquer. “Dans la Haute-Ville, c'est le FLN et les indépendants qui ont glané le tout”, lancera un autre citoyen comme pour “pimenter” encore les débats et mettre ainsi le turbo. Un grand gaillard fait alors irruption au milieu de la foule pour narguer tout le monde : ”À Boukhalfa et à Redjaouna, le RND a scoré très fort”, et la course à l'APC de Tizi Ouzou vacilla durant toute la soirée en donnant sa préférence tantôt au RCD, tantôt au FFS, puis au FLN et au RND, alors que ces quatre grosses cylindrées étaient tout aussi menacées par la liste d'indépendants qui a eu des échos tout aussi favorables durant toute la journée, notamment dans les quartiers populeux de la “Vieille-Ville”. Le suspense aura duré toute la nuit et ce n'est que vers minuit passé que l'on connaîtra le verdict final, et ce, au rythme des calculatrices de poche et des téléphones portables qu'on se passait d'une oreille à l'autre, de sensibilité en sensibilité, de partis en partis. Et la course serrée pour “l'APC de Tizi” s'est finalement confirmée. Sur 23 sièges que comprend la commune de Tizi Ouzou, 6 iront au FFS, 5 au FLN, 4 au RCD, 4 au RND et… 4 aussi aux “indépendants”. C'est dire que la course implacable s'est jouée finalement à la “photo-finish”, ce qui a fait dire à un employé communal qui semble bien connaître la maison : “Ça y est, c'est le retour à la case départ ! Ils vont encore passer leur temps à se bagarrer pour leurs histoires communes de majorité, d'alliances et de contre-alliances et au diable la gestion de la municipalité”. Il est vrai que l'APC de Tizi Ouzou a tellement souffert, ces dernières années, des querelles intestines entre élus que presque toute la gestion communale a été confrontée à des blocages répétés, et ce, au grand regret des citoyens et des administrés. “C'est un passage obligé vers la démocratie mais tous ces élus doivent dépasser leurs clivages politiques et s'unir autour d‘un seul idéal : le développement et la gestion de la commune. Mais pourquoi ne fait-on pas comme dans les autres pays ?” lancera un jeune enseignant, au moment même où un candidat élu jetait un véritable pavé dans la mare : “Sans majorité absolue, l'APC de Tizi Ouzou est ingouvernable car le pouvoir de décision va constamment basculer d'un camp à l'autre. Alors, bonjour les dégâts !” C'est dire, finalement, qu'à Tizi Ouzou ou dans la majeure partie des APC de Kabylie — où il n'y a pas de majorité absolue — les bras de fer et les conflits politico-politiciens entre élus seront encore de mise. Mais il est sûrement temps d'élever quelque peu le niveau, d'enterrer “la hache de guerre” et de tourner le dos aux “querelles de clocher” pour se consacrer essentiellement au développement local et aux attentes des citoyens. Dans le cas contraire, le taux d'abstention enregistré en cas de joutes électorales (près de 70%) risque encore de prendre de l'ampleur dans… dix-huit mois à peine, n'est-ce pas ? M. HOCINE